Le président béninois Patrice Talon a nommé Bida Nouhoume Youssoufou Abdouramani comme nouvel ambassadeur du Bénin au Qatar, une décision approuvée récemment par Doha. Cependant, ce diplomate expérimenté héritera d’une mission délicate dans l’émirat gazier, marqué par des relations bilatérales tendues. En 2018, l’annulation de dernière minute d’une visite de Patrice Talon en pleine crise diplomatique entre le Qatar et plusieurs pays arabes avait refroidi les relations. Cet épisode, perçu comme une soumission à des pressions extérieures, avait créé une méfiance durable envers Cotonou. Depuis, l’ancien ambassadeur béninois, Mohamed Baré, n’a jamais obtenu de rencontres officielles significatives avec les autorités qataries.
Avant cette nomination stratégique, Bida Nouhoume Youssoufou Abdouramani était pressenti pour occuper une nouvelle fonction de “ministre conseiller”, un poste créé en décembre 2024 pour superviser les membres du gouvernement. Toutefois, ce choix n’a pas été confirmé, et son envoi à Doha peut être vu comme une réorientation de carrière. Ce mouvement diplomatique bénéficie politiquement au ministre d’État Abdoulaye Bio Tchané, leader influent du Bloc Républicain, qui aurait vu en Abdouramani un rival potentiel sur la scène nationale. Cette nomination éloigne ainsi une figure importante du parti des arènes politiques internes.
Sur le plan diplomatique, la tâche de l’ambassadeur sera cruciale pour redorer l’image du Bénin auprès de l’administration qatarie. Il devra restaurer la confiance et relancer des partenariats économiques et politiques, à un moment où le Qatar joue un rôle clé dans les investissements africains et l’énergie. Pour y parvenir, Abdouramani devra user de toute son expérience et de son réseau, tout en prouvant que les choix politiques passés ne freineront pas une coopération mutuellement bénéfique.