Qu’aucun citoyen béninois ne se rende aux urnes le 17 mai prochain. C’est le vœux du Collectif pour la Sauvegarde de la Démocratie et de la Coordination Générale de la Résistance Béninoise dans la Diaspora. Ces deux organisations réclamant le retour des acquis démocratiques au Bénin, s’opposent à la tenue des élections communales et municipales prévues pour le 17 mai prochain dans un contexte de crise sanitaire planétaire au Covid-19. Depuis Paris en France, à travers un message en date du lundi 4 mai, après celui déjà lancé le 20 avril 2020, elles appellent au boycott de ce scrutin et à la désobéissance civile avec en toile de fond des motifs évoqués dans un réquisitoire dressé contre le régime du Président Patrice Talon.
Découvrez ci-dessous ce message d’appel au boycott du CSDB et de la CGRBD.
Loukoumane WOROU TCHEHOU
Collectif pour la Sauvegarde de la Démocratie au Bénin (CSDB)
Coordination Générale de la Résistance Béninoise dans la Diaspora
Appel au boycott massif des élections communales et municipales exclusives du 17 mai 2020 au Bénin
Mémorandum
Le Gouvernement du Bénin a fixé la date des élections municipales et communales au 17 mai 2020. En raison du caractère exclusif de ces élections et des ravages de la maladie du coronavirus dans le monde, les Béninois patriotes et démocrates de la diaspora, réunis au sein de la Résistance dans la Diaspora, réaffirment fermement qu’elles ne seront qu’une farce, une véritable tromperie, une vaste escroquerie politique, une entreprise de destruction complète de l’Etat de droit et de la démocratie, une vitrine scandaleuse, une insulte permanente à la dignité et à l’honneur du Bénin et une injure permanente aux Béninoises et Béninois épris de paix, de liberté et de justice. Comme les législatives du 28 avril 2019 marquées par les massacres des populations civiles et l’emprisonnement arbitraire d’opposants et de web activistes.
Pour éviter le scénario inacceptable de 2019 qui a endeuillé tout le Bénin et favorisé la mise en place d’un parlement de sang avec des députés nommés, sous forme de conseil d’administration pour le chef de l’Etat, et le renforcement de la dictature despotique dans le pays, la Résistance dans la Diaspora appelle solennellement au boycott pur et simple de la parodie électorale du 17 mai 2020.
Face à l’arbitraire, à l’injustice, à la famine et au terrorisme politique qui frappent tout le Bénin, le boycott massif couplé à une désobéissance civile (« La désobéissance civile est le refus assumé et public de se soumettre à une loi, un règlement, une organisation ou un pouvoir jugé inique par ceux qui le contestent, tout en faisant de ce refus une arme de combat pacifique… ») est la seule voie légitime pour montrer la souveraineté du peuple, conformément à la Constitution du 11 décembre 1990.
Pourquoi le boycott ?
• Parce qu’il faut répudier toute légitimité à cette mascarade d’élections ;
• Parce que sans le rétablissement de la démocratie, de l’Etat de droit et des libertés, il ne saurait y avoir d’élections dignes de confiance, inclusives, crédibles, transparentes et libres ;
• Parce que les lois liberticides et scélérates combattues par le peuple sont toujours en vigueur et il urge d’organiser de vraies élections législatives pour doter le pays d’un véritable Parlement au service de la Nation, avec des lois équitables pour tous ;
• Un boycott massif dégonflerait la dynamique que le pouvoir de Patrice Talon souhaite créer en divisant l’Opposition et montrerait à la communauté nationale et internationale la détermination du peuple béninois à restaurer sa démocratie confisquée ;
• Parce que les cinq partis politiques autorisés à prendre part audit scrutin de la honte soutiennent tous l’action gouvernementale. Aucun parti politique de l’opposition n’est en lice et ne peut d’ailleurs l’être à cause de la violation récursive de ses droits ;
• Tous les organes d’organisation, de contrôle et de validations des élections sont dans les seules mains du gouvernement et du président de la République ;
• Pour préserver la vie des Béninoises et Béninois dans les 77 communes et municipalités de notre pays, en raison de la crise sanitaire du coronavirus qui continue sa progression dans le monde. Au Bénin, l’épidémie se poursuit dans plusieurs localités de façon dynamique et frappera durement du fait du mépris et de l’irresponsabilité du gouvernement qui n’a pris aucune mesure sérieuse pour protéger et soutenir les populations. Dans ces conditions, laisser nos compatriotes aller aux urnes serait les envoyer à l’abattoir du COVID-19, se faire empoisonner dans les files d’attente des bureaux de vote pour cautionner une dictature mafieuse et autocratique qui utilisera les votes comme caution pour nommer ses conseillers communaux et municipaux et maires en vue de se consolider.
• Parce que la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) a ordonné fermement à l’Etat béninois de « surseoir à la tenue de l’élection des conseillers municipaux et communaux prévue pour le 17 mai 2020 » jusqu’à nouvel ordre.
Nous estimons alors qu’aller aux communales et municipales du 17 mai 2020, c’est :
• valider tous les crimes de sang résultant de la parodie des élections législatives d’avril 2019 ;
• cautionner les crimes perpétrés en février-mai-juin 2019 et janvier-mars 2020 dans plusieurs localités du pays : Kilibo, Cadjèhoun, Tchaourou, Savè, Kandi, Abomey-Calavi, etc. ;
• être complices des assassinats crapuleux des martyrs de la démocratie ;
• accepter l’emprisonnement injuste des prisonniers politiques ;
• Encourager l’exil forcé de valeureux et dignes fils et filles du Bénin ;
• approuver les condamnations judiciaires iniques des opposants politiques et la politique de famine et de prédation de la Rupture ;
• valider la révision opportuniste et opaque de notre Constitution du 11 décembre 1990 ;
• valider toutes les lois drones qui tuent et emprisonnent les opposants, journalistes, activistes du web et défenseurs des Droits de l’Homme ;
• accepter la prise en otage de tous les secteurs vitaux de l’économie nationale et des institutions de la République par le clan au pouvoir ;
• légitimer les députés nommés le 28 avril 2019 pour constituer le parlement personnel de sang du pouvoir Exécutif ;
C’est pourquoi, nous appelons au boycott massif des communales et municipales du 17 mai 2020 pour donner une nouvelle raclée au pouvoir affameur et prédateur de Patrice Talon et déjouer ainsi son piège.
La Résistance dans la Diaspora exhorte tous les Béninois patriotes et démocrates de la diaspora à utiliser tous les canaux de communication nécessaires pour informer et sensibiliser largement les populations de nos villes et campagnes, sur le sol national, à l’effet de les inviter à rester chez elles le 17 mai 2020 pour exprimer leur rejet de l’autocratie.
Ceci est un message des Béninois patriotes et démocrates de la diaspora.
Paris, le 4 mai 2020
Le Coordonnateur Général,
Justin AZANKPO