Des dizaines de milliers de civils fuient le nord du Kordofan, au Soudan, alors que les combats entre l’armée et les Forces de soutien rapide (FSR) s’intensifient. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), près de 36 000 personnes ont quitté la région en une semaine, redoutant de nouvelles représailles des paramilitaires, rapporte RFI. La situation humanitaire est décrite comme dramatique par les organisations locales et internationales.
Les affrontements autour d’El-Obeid, capitale du Kordofan du Nord, ont pris une ampleur inquiétante ces derniers jours. Les FSR, déjà responsables de la chute de Bara et d’El-Fasher au Darfour du Nord, assiègent désormais cette ville stratégique, où une attaque menée mardi aurait fait au moins 40 morts, selon les Nations unies. Des habitants évoquent des scènes de panique et une fuite à pied, souvent sans vivres ni médicaments, dans une région coupée du monde.
Le Réseau des médecins soudanais rapporte que dans les localités tombées aux mains des FSR, notamment Bara, « des dizaines de corps sont entassés dans les maisons » tandis que les familles sont empêchées d’y accéder. L’organisation dénonce « un crime contre l’humanité » et fustige « le silence persistant face à ces atrocités ».
Ces exactions rappellent le scénario d’El-Fasher, où les violences à motivation ethnique ont suscité l’indignation de la communauté internationale. Martha Pobee, secrétaire générale adjointe de l’ONU pour l’Afrique, a récemment alerté sur des « vastes atrocités » commises par les FSR, évoquant des représailles systématiques contre les civils.
Les témoignages recueillis par l’AFP et rapportés par RFI, confirment la peur généralisée. Autour d’El-Obeid, de nombreuses villes sont devenues des cibles militaires, et les habitants n’osent plus rejoindre leurs champs. Les FSR se préparent également à attaquer Babnusa, autre centre stratégique du Kordofan, tandis que des massacres récents à Om Dam Haj Ahmad et Zaribat al-Cheikh Borii ont coûté la vie à plusieurs centaines de civils, selon le Réseau des médecins soudanais.
L’armée soudanaise, de son côté, a intensifié ses frappes aériennes contre les positions des FSR dans le nord et l’ouest du Kordofan. Elle affirme avoir visé des renforts venus du Darfour. Mardi 4 novembre, les paramilitaires ont annoncé avoir abattu un cargo militaire à Babnusa, tuant tous les membres de l’équipage.
Alors que la guerre, déclenchée en avril 2023, a déjà provoqué l’une des pires crises humanitaires au monde selon l’ONU, les appels internationaux à un cessez-le-feu immédiat se multiplient. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a mis en garde contre une situation devenue « incontrôlable ». Mais à Khartoum, le gouvernement soudanais, réuni mardi soir, a réaffirmé sa volonté de poursuivre la guerre contre les FSR, rejetant une proposition américaine de trêve.
A.O
















