Le président de la République du Bénin, Patrice Talon, a enfin brisé le silence face aux événements liés aux élections générales de 2026. Le chef de l’État béninois a accordé, ce mardi 4 novembre 2025, une interview à la télévision nationale Bénin TV, animée par Serge Ayaka, au cours de laquelle il a abordé plusieurs sujets d’actualité politique.
À travers cet entretien, Patrice Talon a semblé répondre aux accusations de son prédécesseur, Thomas Boni Yayi, qui le tient pour responsable de la situation politique difficile que traverse son parti Les Démocrates, dont le duo candidat à l’élection présidentielle de 2026 a été recalé par la Céna avant d’être finalement validé par la Cour constitutionnelle.
Interrogé sur la situation politique actuelle, à quelques mois de la présidentielle, alors que le principal parti d’opposition dirigé par Boni Yayi pourrait être absent de la course, Patrice Talon a exprimé son indignation : « La situation dans laquelle se trouve la dynamique électorale ne m’enchante pas du tout », a-t-il déclaré, avant d’ajouter que cette situation « porte préjudice à l’image de notre pays ».
Le président de la République a toutefois refusé de croire que cette situation découle de la mise en œuvre de la réforme du système partisan ou du code électoral : « Il n’y a pas lieu d’indexer la réforme du système partisan, encore moins le code électoral », a-t-il affirmé.
Selon Patrice Talon, si échec il y a dans la réforme du système partisan, cela ne saurait être imputé qu’à son prédécesseur, Boni Yayi, qu’il accuse d’être responsable de la plupart des blocages rencontrés par son régime depuis 2016 : « Depuis 2016, mon prédécesseur Boni Yayi s’emploie, avec beaucoup d’énergie, à faire échec à toutes les réformes, quelles qu’elles soient, et à l’action publique, quel que soit le secteur », a confié le chef de l’État.
Il rappelle qu’avant 2016, tout le monde appelait de ses vœux la réforme du système partisan, laquelle visait à encourager, voire contraindre, les partis politiques au regroupement. « Mais comme c’est une réforme engagée par Patrice Talon, pas question », a-t-il déploré.
Pour illustrer son propos, il a cité le cas de la Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) : « Les Fcbe, qui étaient à l’entame de la réforme, je crois, le plus grand parti de la centaine de partis que comptait le Bénin, avaient l’opportunité d’absorber un grand nombre de ces petits partis et de devenir un grand parti d’envergure nationale », a rappelé le président.
Pour lui, le refus d’adhérer aux réformes politiques et le rejet de toute collaboration avec le nouveau régime ont conduit à la scission des Fcbe et à la création du parti Les Démocrates.
Plus loin, le chef de l’État a tenu son « rival politique de toujours » pour responsable des événements malheureux de 2019 : « Tout ce qui s’est passé en 2019, c’est le président Boni Yayi qui en est le seul responsable. Il a empêché la tenue normale des élections, il a empêché les Fcbe de participer aux élections et bloqué la mise en œuvre des textes consensuels pour des élections apaisées. Il a pratiquement empêché que les élections aient lieu dès l’adoption des textes au Parlement. »
Et de poursuivre : « J’ai été vu comme celui qui était à l’origine des violences électorales que nous avons connues. J’ai assumé », a déclaré Patrice Talon.
Pour finir, le chef de l’État a exprimé un sentiment de lassitude face à ce qu’il considère comme une opposition systématique de son prédécesseur : « Je suis devenu le souffre-douleur du président Boni Yayi, qui s’emploie depuis 2016 à faire échec à toutes les réformes », a regretté Patrice Talon, en fin de mandat.
A.O
















