À travers une déclaration sobre mais chargée de promesses, Daniel Edah a officiellement annoncé, ce jeudi 29 mai 2025, sa candidature à l’élection présidentielle de 2026. Dans une vidéo publiée sur sa page Facebook, l’ancien fonctionnaire international, déjà candidat malheureux en 2016, se présente porteur d’« une vision, celle d’un Bénin économiquement prospère et socialement stable dans une Afrique bien intégrée et en plein essor ». Une déclaration qui suscite à la fois espoir et scepticisme.
Une ambition assumée
Membre actif du cadre de concertation des partis de l’opposition, Daniel Edah affirme vouloir rompre avec les querelles stériles et promouvoir une gouvernance inclusive. Son projet repose sur la construction d’une économie de production et de transformation, un objectif noble dans un pays où la dépendance aux importations reste forte. L’ancien diplomate semble donc vouloir incarner une alternance pacifique, orientée vers le développement endogène et la cohésion sociale.
Mais derrière cette déclaration d’intention, des interrogations de fond émergent. Car au-delà de l’enthousiasme, la réalité politique et juridique du Bénin pourrait réduire cette ambition à un simple vœu pieux.
Le verrou du parrainage
Depuis la révision du code électoral béninois, le chemin vers la magistrature suprême s’est considérablement resserré. L’article 132 du code impose désormais à tout candidat à la présidentielle de recueillir les parrainages d’au moins 15 % des élus (députés et/ou maires), issus d’au moins 3/5 des circonscriptions électorales, soit 28 élus au minimum. Une exigence redoutable dans un paysage politique largement dominé par trois blocs : Les Démocrates, le Bloc Républicain et l’Union Progressiste le Renouveau.
Or, Daniel Edah n’est membre d’aucun de ces partis. Pire encore, la loi précise que tout élu ne peut parrainer qu’un candidat issu de sa propre formation politique. Cette disposition verrouille de facto l’accès à la présidentielle pour toute personnalité indépendante ou issue de structures politiques marginales.
Une candidature sans issue ?
Face à cette architecture électorale, la candidature de Daniel Edah, aussi inspirante soit-elle, semble juridiquement compromise. À moins d’un improbable retournement de situation comme un soutien public d’un des partis possédant le nombre d’élus requis, ou une révision de la loi, sa déclaration ressemble davantage à un acte symbolique, un cri d’alerte politique, qu’à une ambition électoralement réalisable.
Certains y verront une candidature de témoignage, un positionnement stratégique pour exister dans le débat public. D’autres l’interpréteront comme une démarche sincère mais naïve, face à un système verrouillé par des règles qui écartent pratiquement toute candidature en dehors des cercles du pouvoir ou de l’opposition parlementaire reconnue.
Entre courage politique et utopie
Il faut toutefois saluer le courage politique d’un homme qui, malgré les obstacles juridiques évidents, choisit de s’exprimer, de proposer, et d’espérer. Dans un contexte où la parole publique est souvent calibrée, la sortie de Daniel Edah réaffirme l’importance du débat démocratique.
Reste une réalité incontournable : le code électoral béninois actuel n’offre que peu de marge de manœuvre à ceux qui n’ont ni structure partisane puissante, ni représentation parlementaire suffisante. Et dans ce cadre, la candidature de Daniel Edah ressemble à une bouteille lancée à la mer, pleine de bonnes intentions mais promise à s’échouer sur le récif de la législation.
A.O