Moins d’un an avant les élections générales de 2026, une sortie du porte-parole du gouvernement béninois fait des vagues à l’Assemblée nationale. Le député Habib Woroucoubou exige des explications précises.
Le climat politique s’échauffe au Bénin à l’orée d’un nouveau cycle électoral. Le mardi 30 avril 2025, le porte-parole du gouvernement, Wilfrid Léandre Houngbédji, a tenu des propos pour le moins alarmants lors d’une émission publique : “Il y a des officines qui ont, pour plan d’action politique en 2025, de travailler à la déstabilisation du Bénin et qui ont beaucoup d’argent pour cela.” Une déclaration qui, loin de passer inaperçue, suscite de vives interrogations dans les rangs de l’opposition parlementaire.
Un élu de terrain prend la parole
Réagissant à cette sortie médiatique, l’honorable Habib Woroucoubou, député de la 8ᵉ circonscription électorale et membre du parti Les Démocrates, a saisi le gouvernement par une question d’actualité, déposée conformément à l’article 110 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Cette initiative parlementaire, qui se veut un exercice de redevabilité démocratique, vise à obtenir des réponses claires sur les intentions réelles derrière cette communication gouvernementale.
Dans le document adressé à l’exécutif, le député Woroucoubou ne mâche pas ses mots : “Ce propos d’une extrême gravité ne saurait laisser personne indifférente, surtout lorsqu’il est tenu à un moment aussi sensible pour la stabilité politique du pays.”
Une série de questions cruciales
Le député du parti Les Démocrates demande notamment au gouvernement de répondre, point par point, aux préoccupations suivantes :
Identification : Quelles sont ces officines évoquées ? Qui sont les individus, groupes ou structures derrière ce prétendu plan de déstabilisation ?
Preuves : Sur quoi se fonde l’affirmation selon laquelle ces officines disposent de moyens financiers considérables ?
Inaction judiciaire : Pourquoi alerter l’opinion publique au lieu d’engager des poursuites judiciaires contre les fauteurs supposés ?
Finalité politique : Cette déclaration ne vise-t-elle pas plutôt à conditionner l’opinion publique, à entretenir la peur ou à justifier d’éventuelles restrictions des libertés civiles ?
Responsabilité du discours officiel : Le rôle d’un porte-parole de gouvernement est-il de menacer implicitement les acteurs politiques ou de rassurer les citoyens ?
Une ambiance préélectorale tendue
À quelques mois de l’ouverture du cycle électoral de 2026, cette sortie médiatique fait redouter une crispation accrue du climat politique. Pour plusieurs observateurs, ces déclarations pourraient inaugurer une nouvelle ère de suspicion où les discours sécuritaires seraient instrumentalisés pour affaiblir les forces d’opposition.
“On ne peut pas banaliser ce type de propos. Il s’agit soit d’une information capitale relevant du domaine de la sécurité nationale, auquel cas la justice doit être saisie, soit d’un écran de fumée politique”, confie un juriste proche du Parlement.
Transparence exigée
À travers cette interpellation, l’honorable Habib Woroucoubou et ses collègues de la minorité parlementaire entendent rappeler au gouvernement que la transparence et la responsabilité sont des piliers de l’État de droit. Face à un discours aussi grave, le silence ne serait pas seulement incompréhensible ; il serait dangereux.
Le gouvernement répondra-t-il point par point à cette question parlementaire ? L’affaire, déjà commentée sur les réseaux sociaux, est appelée à occuper durablement le débat public dans les semaines à venir.