Depuis l’incarcération de Steve Amoussou, des voix dénoncent une série de violations flagrantes des droits de la défense. Entre autres, le conseil du prévenu ne comprend pas les motifs du retard qu’accuse la délivrance du permis par le Procureur Spécial de la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). Un document dont la demande est formulée par les avocats depuis l’incarcération de leur client, selon des confidences.
Ce vendredi 30 août 2024, LeParakois a pu s’entretenir avec l’un des avocats du prévenu. Ce dernier présente une situation aussi alarmante qu’inédite. «l’impossibilité pour les conseils de leur client d’exercer leur rôle, alors même que la Cour constitutionnelle a jugé le permis de communiquer contraire à la Constitution», dénonce l’avocat.
Le témoignage poignant d’un avocat désarmé, notre source fait de troublantes révélations sur le fonctionnement de l’appareil justice. Depuis son incarcération, nous avons déposé les demandes de permis auprès du Procureur de la République. Tous les avocats constitués se sont rendus sur place pour comprendre la cause de ce retard. C’était lundi après-midi. Le Procureur a promis de signer les documents nécessaires le lendemain, mais nous sommes en fin de semaine et toujours rien», se désole le maître. Entre-temps, poursuit-il, «ils continuent de transférer Steve Amoussou d’une prison à l’autre au gré de leurs humeurs. Ces faits graves violent les droits fondamentaux de la défense».
Pour ce membre de la défense du Steve Amoussou, c’est un mépris institutionnel inquiétant. «Cette situation n’est pas seulement une atteinte aux droits d’un homme ; elle est une insulte à tout l’État de droit. Comment peut-on accepter que dans une République, des avocats soient empêchés de voir leur client, au mépris des décisions de la plus haute juridiction du pays ?». Cette question, posée par l’avocat interviewé, résonne comme un appel à la responsabilité collective.
Le silence assourdissant des autorités. Face à ce mépris flagrant contre les avocats, le bâtonnier avait pourtant sorti un communiqué pour dénoncer la violation des droits de Steve Amoussou. Mais aujourd’hui, alors que la situation s’aggrave, le conseil s’interroge : où est la réaction attendue du bâtonnier, et plus largement, où est la voix de ceux qui sont censés protéger les droits des citoyens ?
Pour beaucoup d’observateurs et de défenseurs des droits humains, l’affaire Steve Amoussou est une tache indélébile sur la conscience des acteurs de la justice béninoise. Le silence et l’inaction des autorités face à cette situation inacceptable apparaissent comme des signes d’une crise profonde du système judiciaire, selon certains analystes.