Conformément au programme établi, les membres désignés pour siéger à la cour constitutionnelle, septième mandature prêtent serment ce mardi 6 juin 2023. Une institution au sein de laquelle l’opposition parlementaire n’a pas de représentants. Cette configuration de l’institution chargée de trancher les contentieux électoraux n’est pas du goût d’une partie de la classe politique nationale notamment l’opposition représentée à l’assemblée nationale par les élus du parti Les Démocrates. Habibou Woroucoubou en est un. Ce dernier fustige l’exclusion dont est victime son camp dans le processus de désignation des membres du bureau de l’Assemblée nationale.
Intervenue dans le mois de mai dernier, la publication de la liste des membres désignés de la haute juridiction a provoqué une indignation générale dans l’opinion. Dans la foulée, le député Habibou Woroucoubou de la huitième circonscription électorale, dans une interview accordée à Leparakois, crache sa désapprobation au régime de la rupture. Pour lui, c’est une exclusion de trop que subit l’opposition parlementaire. Du bureau de l’Assemblée nationale à la désignation des membres de la cour en passant par l’installation des commissions permanentes, l’opposition se trouve marginalisée. «On pouvait connaître cela au cours de la huitième législature où il n’y avait que la mouvance, mais pas à la neuvième qui compte désormais l’opposition. Ce comportement du gouvernement et de son prolongement à l’assemblée nationale, est assez dérangeant. Il faut déplorer le comportement de nos dirigeants qui manifestement ne veulent pas la paix dans ce pays, qui manifestement se comportent comme si outre la mouvance, il ne doit plus exister personne. On nous prive la possibilité de designer nos représentants à la cour constitutionnelle», déplore le député.
Habibou Woroucoubou y voit une volonté manifeste d’instaurer l’opacité dans la gestion au sein de l’institution. «De façon délibéré, faire en sorte qu’une chapelle politique ne soit pas représentée, cela signifie qu’ils ont fait l’option de l’opacité dans la gestion des conflits électoraux et de tous les contentieux liés à l’interprétation de la constitution et de tout texte administratif où la cour constitutionnelle est appelée à intervenir», dénonce-t-il.
Par ailleurs accuse le représentant du peuple au palais des gouverneurs, le Chef de l’État gère le pouvoir de façon clanique. «Je comprends personnellement que le président à travers son comportement ne prend pas en compte tout le message que le peuple est en train de lui adresser depuis 2016, apparemment il n’y comprends rien», prévient l’interlocuteur de LeParakois.
Toutefois les députés de l’opposition ne désespèrent. A la suite de la publication de la liste des membres de la prochaine mandature de la juridiction, ils ont saisi l’instance à travers un recours en constitutionnalité contre cette désignation à laquelle l’opposition parlementaire n’a pas été associée. «Nous avons déposé un recours. Je pense qu’ils le temps de se rattraper», espère le membre du parti Les Démocrates.
En effet d’après l’article 115 de la constitution, le chef de l’État désigne trois membres et le bureau de l’Assemblée nationale quatre membres. En l’absence du seul député de l’opposition en son sein, le bureau a procédé à cette désignation qui fait des nouveaux membres, les représentants d’une obédience politique.