Conformément à l’article 72 de la constitution du Bénin, Patrice Talon était dans la matinée de ce mardi 29 décembre 2020, à l’assemblée nationale pour son discours, le dernier du quinquennat sur l’état de la nation. Devant les députés, le président en 20 minutes a présenté un bilan élogieux sur la santé du pays. À l’occasion, Patrice Talon a abordé plusieurs sujets touchant différents domaines vitaux de la République. Voici l’intégralité de ce message du Chef de l’État.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale
Mesdames et Messieurs représentant la Nation béninoise,
C’est avec honneur et enthousiasme que je me fais à nouveau le devoir de vous entretenir sur l’état de notre Nation.
Comme vous avez pu l’observer, j’ai fait cette année, le choix d’aller au contact de nos mandants, pour leur rendre directement compte de notre parcours commun durant ces cinq dernières années. À quelques mois de la fin du mandat qu’ils m’ont accordé pour orienter et conduire notre action commune en vue de notre épanouissement commun, c’est devant vous que je voudrais solennellement présenter la photographie de notre pays dans les domaines essentiels de notre vie en communauté.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés,
En dépit de la pandémie du Covid-19 qui n’a épargné aucun pays, le Bénin va plutôt bien, même si nous devons poursuivre nos efforts en vue de satisfaire l’essentiel de nos besoins de base. Quand on a été très mal et qu’on commence à aller mieux, avec la certitude d’aller bientôt très bien, n’est-il pas de bon ton d’affirmer qu’on va déjà bien ? Non pas pour se satisfaire du peu, mais plutôt, pour entretenir, voire renforcer ce qui a permis d’aller mieux. Nous pouvons oser le dire, dans tous les domaines, notre pays tient désormais le bon bout.
L’Unité Nationale, notre Unité, qui nous caractérise depuis fort longtemps déjà, demeure aujourd’hui encore un acquis intangible qui nous permet de préserver la paix et de rétablir très vite notre concorde, quand il nous arrive par moment de nous chamailler. Nos libertés fondamentales, compatibles avec notre vie en communauté et notre développement demeurent, elles aussi, intangibles même si nous avons dû, pour l’intérêt général, renoncer à certaines de nos faiblesses que nous confondions avec la liberté. Le constat est de la même portée en ce qui concerne notre démocratie qui, expurgée de ses travers, nous permet désormais de ne plus laisser une minorité initiée et privilégiée, prendre en otage tout le peuple innocent et mal informé.
Au plan sécuritaire, notre protection contre le terrorisme international est satisfaisante et l’insécurité dans nos villes, nos villages et sur nos axes routiers, recule de façon significative.
Au plan sanitaire, notre indice de satisfaction demeure faible, même si le personnel dédié est désormais plus disponible. Il nous faudra encore patienter quelques temps pour constater les effets de nos efforts. La dynamique et les investissements en cours permettront sous peu d’offrir à chacun de nous, y compris les plus démunis, une prise en charge sanitaire convenable. Notre cadre de vie est de plus en plus assaini et se modernise de manière remarquable. Nos quartiers de villes, notamment des grandes villes dans un premier temps, commencent par afficher une image plaisante et surtout propre ; ce qui n’était plus le cas depuis plusieurs décennies.
L’eau potable est désormais à la portée de deux béninois sur trois, sachant qu’avec la dynamique en cours dans ce secteur, la quasi-totalité de nos compatriotes disposera de ce bien élémentaire avant la fin de votre mandat, Monsieur le Président. Tel est l’état des lieux en ce qui concerne également l’énergie électrique.
À l’instant où je vous parle, notre pays produit par lui-même, la moitié de nos besoins actuels et sera totalement autosuffisant d’ici 18 mois. La qualité et la stabilité du courant électrique présentement distribué laissent encore à désirer en raison du sous dimensionnement et de la vétusté du réseau de distribution. Cette situation encore très préjudiciable pour le peu d’entre nous qui disposent d’une connexion électrique, ne sera bientôt qu’un mauvais souvenir au vu des investissements en cours.
Quant aux autres biens de connexion que sont l’internet et le téléphone, ils demeurent un rêve pour un grand nombre de nos concitoyens et ceux d’entre nous qui en disposent ne sont pas pour autant satisfaits de la qualité du service. Mais les travaux d’extension visibles ici et là et le retour imminent de Bénin Télécoms, tel que nous savons le faire désormais, ne manqueront pas de combler nos attentes d’ici à 2023.
S’agissant des liaisons routières entre nos régions, nos communes, nos quartiers de ville et villages, notre patrimoine a atteint un niveau d’envergure qui nous émerveille nous-mêmes.
Le rythme et la qualité des travaux en ce qui concerne aussi bien les routes revêtues que les routes en terre et les pistes rurales, permettent désormais à chacun d’avoir la certitude qu’il verra de ses yeux ce qui lui paraissait, il y a peu, comme un luxe lointain, voire improbable.
Dans le domaine des infrastructures administratives, marchandes, socio-culturelles et sportives, notre pays est en passe de disposer d’un patrimoine considérable dont le rythme de réalisation est désormais à la hauteur de nos besoins. Dans le secteur éducatif, notre situation demeure globalement préoccupante.
Même si le taux de scolarisation de nos enfants paraît de plus en plus satisfaisant, la couverture de nos besoins en infrastructures et surtout en enseignements demeure insuffisante à tous les niveaux.
Mais notre faiblesse la plus préoccupante dans ce secteur vital pour notre présent et surtout pour notre avenir, est d’ordre structurel.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés, notre système éducatif forme la plupart de nos enfants au chômage et n’offre pas à notre économie la main-d’œuvre qualifiée dont elle a besoin pour se développer et créer de la richesse. Il urge de remédier à cela en remplaçant la majorité de nos établissements secondaires et universitaires actuels par des collèges, des lycées et des écoles supérieures techniques et professionnels.
Cette réforme est déjà engagée, Monsieur le Président. Elle sera bientôt popularisée, sachant que des investissements massifs sont déjà en cours de mise en œuvre dans ce cadre.
En ce qui concerne notre secteur économique, c’est-à-dire l’agriculture, l’industrie, le commerce, le tourisme, l’artisanat, la production artistique, culturelle, ludique et sportive, ainsi que les services, la tendance est remarquablement haussière et résiliente.
Notre environnement économique dispose désormais des atouts permettant l’investissement national et international créateur de richesses et d’emplois. Notre port, notre aéroport, nos routes, l’énergie électrique, l’eau, l’internet, nos infrastructures marchandes, tout cela en cours de développement et de modernisation ajouté à nos lois et règlements d’une attractivité sans pareille, sont pour nous autant de facteurs de développement économique désormais certain.
En outre, le sous-secteur des petites et moyennes entreprises, les artisans et les exploitants agricoles bénéficient depuis peu, d’importantes lignes de financement et de garantie. Quant à l’emploi, il est à noter que le taux de chômage reste élevé malgré le grand nombre d’emplois créés dans notre pays ces dernières années, aussi bien dans le secteur public que privé. Mais l’espoir du plein emploi est désormais permis à moyen terme, en raison de notre nouvelle dynamique globale et surtout de notre nouvelle vision éducative.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Députés,
Ce qu’il me plaît surtout de souligner pour mieux caractériser l’état de notre Nation, c’est notre nouvel état d’esprit.
En effet Monsieur le Président, il est heureux de constater que nous avons vaincu nos démons et réussi à opérer des réformes difficiles visant à changer nos habitudes.
Nous avons réussi à instaurer une gouvernance qualitative des affaires publiques axée sur l’éthique et la responsabilité. Hier, le Bénin en proie à la corruption et à l’impunité endémique, s’illustre aujourd’hui dans une lutte implacable contre ces fléaux et le bien public est davantage respecté.
Nous avons cessé de dilapider nos ressources qui sont désormais consacrées à la construction de notre pays.
C’est le lieu pour moi de vous féliciter, mesdames et messieurs les députés, pour la part essentielle que votre institution prend dans cette œuvre de retour de la morale dans l’action publique.
En effet, il a été observé avant 2016, que le vote de certaines lois majeures comme le budget général de l’Etat ou encore la tenue de sessions extraordinaires, donnaient lieu à de honteuses transactions financières sans lesquelles le Parlement n’était pas disposé à jouer son rôle.
Ces pratiques qui n’honorent pas la démocratie sont désormais révolues et cela ne vous empêche pas de vous acquitter admirablement de votre mission. Au contraire, vous travaillez plus que par le passé.
De manière générale, le personnel politique et administratif au service de notre Nation se comporte de mieux en mieux. Nous avons globalement réussi les changements d’habitude les plus inespérés. Un nouveau vent de concorde, de progrès et d’espérance semble porter chacun de nous. Le dialogue, la recherche de consensus et la persuasion ont même trouvé place dans la mise en œuvre des réformes les plus difficiles. Cette dynamique s’illustre jusque dans le champ religieux réputé pour perpétuer les divergences. Ce fut le cas avec l’Eglise protestante méthodiste du Bénin dont la crise durait depuis une vingtaine d’années et qui aujourd’hui, a retrouvé son unité grâce à notre capacité et notre détermination collectives à relever tous les défis qui entravent notre bien-être et notre cohésion sociale.
Ce fut également le cas avec l’Union islamique du Bénin dont la cohésion a été restaurée dans les mêmes conditions. C’est dire Monsieur le Président, que notre nouvel état d’esprit nous permet désormais d’entreprendre avec confiance tous les changements et toutes les actions qui nous paraissent nécessaires à notre épanouissement commun. C’est grâce à ce nouvel état d’esprit que nous avons également entrepris de réformer notre système politique et que, malgré les heurts et les difficultés, nous sommes en passe de réussir ce challenge. C’est en effet avec ces nouvelles règles d’organisation des partis politiques et des compétitions électorales que les élections communales de mai 2020 ont eu lieu, favorisant une grande cohésion au sein des conseils communaux et augurant de fait, d’une plus grande qualité de l’action publique.
Le prochain grand rendez-vous pour éprouver ces nouvelles règles, c’est la présidentielle d’avril 2021, à l’occasion de laquelle je ne doute pas que nos compatriotes auront le choix entre plusieurs projets de société. Ce sera alors la fête de la démocratie, plus que jamais au service du développement durable de notre cher pays. Il apparaît donc clairement que la Nation béninoise s’affirme, ose et réalise des prouesses au mérite commun de l’ensemble de notre peuple. En effet, en moins de cinq ans, nous avons compris que la construction d’une nation moderne, forte, résiliente, respectée dans le monde, passe par le travail acharné dans la rigueur, le sérieux et l’ordre. De fait, nous avons repris confiance en nous-mêmes et nous nous sommes remis au travail avec abnégation et sérieux.
Ainsi, notre pays n’est plus un pays très pauvre à faible revenu. Il est passé en 2020, dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire.
Les effets d’un tel engagement collectif étant de plus en plus visibles, le Bénin est cité et respecté à l’international et nous avons retrouvé notre dignité. Nous sommes un peuple de plus en plus fier et optimiste quant à son devenir, un peuple convaincu enfin, que la damnation n’est pas son sort et que les progrès qui ont été possibles ailleurs le sont également sur ses terres.
Cela, je l’ai ressenti tout au long de ma tournée de reddition de compte et je voudrais nous inviter à en faire notre viatique.
En un mot, ces années écoulées depuis 2016 marquent une réelle renaissance de notre pays.
L’ampleur de nos réalisations est telle que, plus que par le passé, nous sommes convaincus qu’à force de volonté et de détermination, tous les challenges sont à notre portée. Désormais, nous sommes maîtres de notre destin et nous entendons bien l’assumer pour prouver à nous-mêmes ainsi qu’au monde, que nous sommes capables du meilleur. Cette détermination est appréciée par la communauté internationale qui ne cesse de nous apporter son soutien.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés,
C’est cette certitude de renaissance de notre pays que je souhaitais partager avec vous ainsi qu’avec l’ensemble de nos compatriotes en cette fin d’année 2020.
Je vous remercie.