Tout neuf! tout beau! Tel un nouveau-né, le projet Bénin-taxi était euphoriquement applaudit à grands cris par le cercle de ses géniteurs à son lancement en dépit des réserves de certains observateurs sur le succès de cette initiative. Après la phase expérimentale en 2017 à Cotonou, le gouvernement a trouvé nécessaire d’étendre la flotte à d’autres grandes villes du pays dont Parakou, Natitingou et Tanguiéta dans le nord du pays.
L’intention en son temps était de doter certaines villes phares du Bénin de Taxis modernes, pour une certaine catégorie de citoyens, à en croire Assane Seibou ancien coordonateur du projet, lors du lancement de sa phase expérimentale à Cotonou.
Pour la cité des Kobourou, troisième ville à statut particulier du Bénin, seize véhicules ont été déployés pour, disait Assane Séibou, alors coordonnateur du projet, aujourd’hui député, <<révolutionner la flotte au Bénin>>.
Avec ces voitures de couleur jaune, la circulation dans la ville changeait de visage mais c’est sans compter avec les réalités du marché. Rareté des clients. Les artisans de Bénin-Taxi broient de l’air à longueur de journée sans trouver de passagers. S’installent alors les difficultés économiques pour les conducteurs. A cela s’ajoutent selon ces derniers << l’impraticabilité des voies secondaires à l’intérieur de la ville>>. Des semaines et des mois après, ces véhicules commençaient à se faire rare en circulation. Cette flotte disparaissait tel du sel dans du solvant.
De seize, le nombre de véhicules passe à moins de cinq en circulation. À peine, l’on remarque deux véhicules ces derniers jours sur le terrain. Les uns, d’après des témoignages <<ont dû replier sur Cotonou>> et les autres au chômage face à la rareté de la clientèle.
Des observateurs avaient pourtant tirer la sonnette d’alarme. Pour Miyehty Dicko, un acteur de la société civile de l’organisation Citoyens Intègres, <<la priorité pour les citoyens Béninois notamment de Parakou, n’est pas de luxueux moyens de déplacement mais plutôt l’accès aux services sociaux de base tels que l’éducation, l’eau, les soins, etc>>. La situation à Parakou n’est pas un cas isolé. C’est le même constat qui se dégage dans les autres localités où le projet a été mis en œuvre.
Le diagnostic semble n’avoir pas préoccupé les dirigeants qui, après le fiasco de leur opération de charme et de marketing, se rendent à l’évidence. Selon certaines sources, les nouveaux responsables du projet ont fait l’option de reprendre les véhicules des mains des artisans, les mettant ainsi au chômage. De Parakou à Tanguiéta en passant par Natitingou, l’initiative de la rupture bat de l’aile et n’a pas de beaux jours devant elle, pour ne pas dire qu’elle a déjà échoué.
Loukoumane WOROU TCHEHOU