Reckya Madougou, opposante au régime du président Patrice Talon connaît désormais sa peine en justice. Accusée d’ ”association de malfaiteurs et de financement du terrorisme”, la candidate recalée du parti Les Démocrates à la présidentielle d’avril 2021, a été condamnée à 20 ans de prison ferme et 50 millions d’amende. La sentence a été prononcée ce vendredi 10 Décembre, au terme d’une audience tenue à la Cour de répression des infractions économiques et de terrorisme (Criet), en l’absence de deux potentiels témoins, le ministre Modeste Kérékou et le député Rachidi Gbadamassi.
Ces deux personnes avant l’élection présidentielle, en mars 2021, ont fait, l’un après l’autre de troublantes déclarations présentant la candidate Madougou dans un plan de déstabilisation du pouvoir Talon. Le ministre Modeste Kérékou dans une série de sorties médiatiques a montré, comme éléments de preuve des images de captures d’écran des messages qu’il aurait reçus de l’ex-ministre garde des sceaux dont l’objectif est de provoquer la chute du régime de Cotonou.
Le député Rachidi Gbadamassi quant à lui, a révélé que la native de Parakou fomentait un coup contre Bénin avec l’appui d’un richissime homme d’affaire.
Deux importantes déclarations qui, à tout point de vue, ont contribué à la détention de Reckya Madougou. Bizarre que cela puisse paraître, aucun de ces témoins clés n’a comparu au procès de l’accusée. Modeste Kérékou et Rachidi Gbadamassi n’ont pas été invités par la cour pour faire leur déposition. Une absence qui laisse perplexes plus d’un. Mieux, la mise en cause lors de sa comparution a exigé la présence du député Rachidi Gbadamassi qui, au nom d’un groupe de 21 députés, aurait pris 70 millions de francs CFA contre la promesse de parrainage de candidature.
«En février 2021, Rachidi GBADAMASSI, Mama Sanni, Souwi et Nazaire Sado m’ont annoncé que le Chef de l’État a finalement autorisé certains de ses députés de l’Assemblée Nationale monocolore de parrainer les candidats de l’opposition. Notamment ceux qui avaient eu le courage de lui indiquer qu’ils souhaitent me parrainer (Mama Sanni en tête). Le Chef de l’État, après avoir demandé à ceux qui désirent le parrainer de lever le doigt et ayant aussi relevé que certains s’étaient manifestés comme disposés à me parrainer, aurait accordé à ces derniers (suite au doigt levé par Mama Sanni), la liberté de me parrainer. Ces députés m’ont dit que cela s’est déroulé au cours d’au moins deux réunions de crise convoquée par le Président Talon sur la question du parrainage, courant février 2021.
Suite à ces deux réunions avec le Chef de l’État dont lesdits députés nous rendaient compte au fur et à mesure, ils m’ont demandé et obtenu de ma part 70 000 000 de FCFA pour se rendre sur le terrain, dans leurs diverses circonscriptions électorales en vue d’informer leur militant de la candidature qu’ils étaient sur le point de parrainer et motiver leur choix», a déclaré à la barre Reckya Madougou.
Tout porte à croire que la justice a banalisé les troublantes déclarations de ces deux personnalités, et donc expédié le procès dont le verdict était déjà pronostiqué dans l’opinion.