Le doyen de la Faculté de Droit et Sciences Politiques à l’université de Parakou, Moktar Adamou, s’est exprimé à propos des récents faits de violence populaire dans les villes de Parakou et Banikoara. C’était à l’occasion d’une mini conférence de presse tenu ce mardi 26 octobre. L’homme de droit a non seulement exposé les faits, mais aussi abordé le cadre juridique de ces faits.
En l’espace de trois jours, le Nord Bénin a été marqué par des actes ignobles de vindicte populaire. Un étudiant injustement brûlé vif à Parakou, puis des règlements de compte ayant conduit à des meurtres du côté de Banikoara, la terreur était au rendez-vous. Une situation qui fait beaucoup parler depuis, et dont Moktar Adamou a avant tout exprimé toute sa désolation.
Un “dysfonctionnement” judiciaire !
En abordant les faits, le doyen de la FDSP a pointé du doigt la mauvaise organisation des forces de l’ordre. Il pense que ces derniers auraient pu empêcher que la situation ne s’envenime dans les deux cas.
« Garder un délinquant pendant quatre heures, ni la police, ni la justice n’ont rien dit jusqu’à ce que la population passe à l’acte… en toute honnêteté, j’ai été découragé », a-t-il affirmé concernant son étudiant confondu à un malfrat.
En effet, les faits lui ont été rapportés en plein cours par certains de ses étudiants, avec des vidéos à l’appui. Même son de cloche du côté de Banikoara, où les meilleures dispositions n’auraient pas été prises afin de garantir la sécurité du détenu et empêcher la population à commettre l’irréparable.
De ce fait, il dénonce tout simplement un “dysfonctionnement” au niveau du système sécuritaire de la Police Républicaine. Il insiste sur le fait que la ville de Parakou soit une ville à statut particulier et que le déploiement des forces de l’ordre devrait être optimale en cas de débordements de ce genre.
La vindicte populaire, un acte à punir sévèrement
Le doyen Moktar Adamou, toujours remonté face à ces actes, juge nécessaire d’avoir une loi directement liée à la vindicte populaire. En ce qui concerne le cas de Banikoara, il rejette la thèse de la légitime défense. Selon lui, la réaction de la famille du premier défunt n’en respecte aucunement les conditions et doit être considérée comme étant un “meurtre”.
Il précise que la vindicte populaire, même n’étant pas mentionnée dans le code pénal, présente tout de même les caractéristiques “d’actes de torture et de barbarisme”. Ce qui est réprimé par l’article 475 du code pénal à travers “la réclusion criminelle à perpétuité”. Raison pour laquelle il demande aux autorités compétentes de rapidement se saisir de cette affaire.
« En tant que pénaliste, je voudrais une réaction de la justice, une réaction du Président du tribunal de Parakou et du Procureur de Kandi… la personne humaine est sacrée et inviolable, des actes aussi abjectes ne sauraient restés impunis ».
Pour finir, il demande une omniprésence des forces de l’ordre dans les artères des villes afin d’assurer la circulation des biens et services en toute sécurité et à tout moment. Il lance également un appel à la population en insistant sur le fait que les mentalités doivent changer. « Quelque soit le crime commis, un être humain ne mérite pas ce genre de traitement », a-t-il clamé.