Depuis l’avènement de la pandémie liée au covid-19, plusieurs pays et entreprises éprouvés financièrement multiplient des stratégies pour non seulement résister aux menaces mais également atténuer, aux citoyens les répercussions indésirables découlant des décisions restrictives telles que la réduction considérable du nombre des passagers dans les transports en communs, la fermeture des bars, discothèques et autres.
Dans la foulée, le Bénin quand bien même dispose d’une économie résiliente grâce à une politique fiscale rigide, lésine par contre sur les mesures d’assouplissent pour la population durement sollicitée à travers les taxes. Le pays n’a cessé de bénéficier des aides extérieures sans compter avec celles des particuliers et sociétés en internes.
Dans la gestion de cette pandémie, l’exécutif béninois a lancé un appel à un engagement humanitaire en direction des personnes physiques et morales. Selon nos recherches, au Trésor public et sur le compte n° BJ6600100100000104337563-COVID 19-COTONOU dédié à cet effet, il a été mobilisé une somme de 2 670 297 138 Fcfa venant de 411 différentes personnes et sociétés.
A cette mobilisation financière s’ajoutent les appuis extérieurs, venant des Etats, des institutions publiques et celles de coopération internationale.
Dons financiers des organisations internationales.
En appui au Bénin, plusieurs organisations extérieures se sont manifestées à travers des dons financiers et matériels. Il s’agit notamment de l’Union Européenne, de la Banque Mondiale, de la Banque Africaine de Développement, etc. Mercredi 20 janvier 2021, le Ministre de l’Économie et des Finances, Romuald WADAGNI, a reçu des mains de l’Ambassadrice, Cheffe de la délégation de l’Union Européenne, Sylvia HARTLEIF, un chèque de 46,56 millions d’euros soit 30,5 milliards de francs CFA.
Ces fonds viennent compléter un appui de 10 millions d’euros de l’UE au gouvernement béninois en juin 2020 dans le cadre de l’atténuation des conséquences du Coronavirus. Ces fonds devraient permettre, selon des explications, d’appuyer les efforts du gouvernement pour répondre aux conséquences sanitaires et socio-économiques liées à la Covid-19. Le gouvernement devrait pouvoir non seulement soutenir les couches les plus vulnérables en cette période de pandémie, mais aussi maintenir sa stabilité macroéconomique.
Le samedi 28 mars 2020, le Bénin a réceptionné sa part de don de matériels de la Fondation Jack Ma. Il s’agit de 25 000 kits de dépistage, 100 000 masques faciaux, 1000 uniformes médicaux de protection.
En juillet dernier le Conseil d’administration de la Banque africaine de développement a accordé, à Abidjan, une aide de 60,32 millions d’euros au Bénin, au Togo et à la Guinée. Ceci était destinée au financement du Programme multi-pays d’appui à la réponse à la pandémie de Covid-19 (PARCovid-19). Malgré ces nombreuses aides financières importantes, le gouvernement décide de rendre payants les tests covid sur l’ensemble du territoire.
Covid-19, un business florissant ?
Effectués gratuitement au départ dans les hôpitaux à l’intérieur du pays, les tests Covid-19 sont désormais payants. Et ce, depuis quelques semaines sauf pour des cas suspects. Une décision du gouvernement béninois à travers une note circulaire du ministre de la santé matérialisée sur les lieux de dépistage. « Pour les personnes désireuses de faire un test de dépistage PCR de convenance, les dispositions ont été prises pour le rendre disponible au niveau des formations sanitaires publiques, privées, sur les sites du Palais des congrès et VIP aux tarifs suivants : Palais des congrès et formations sanitaires : 25. 000 F CFA, Site VIP : 50 000 F CFA », précise ladite note circulaire.
Désormais donc, pour tout citoyen désirant de connaitre sa sérologie au covid, il lui faudra débourser 25.000 Fcfa ou 50. 000 Fcfa selon le lieu de test choisi. Cette décision vient s’ajouter au coût de tests jugé élevé au niveau de l’aéroport de Cotonou.
Bénin, le pays pratiquant les tests à un coût élevé dans l’UEMOA.
Dans la gestion de cette pandémie, les chefs d’Etat de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) ont décidé le 25 mars 2021 d’harmoniser le coût des tests de dépistage de Covid-19 pour les voyageurs par avion à 25.000 FCFA. Une décision dont la mise en application est en souffrance au Bénin.
Le pays semble se désolidariser des autres membres de l’organisation sous-régionale en maintenant à 50 000 Fcfa le dépistage à l’arrivée comme au départ. Des centaines de voyageurs sont dépistés au quotidien à l’aéroport. Pourtant d’après des investigations révélées par nos confrères de Matin Libre les kits de dépistage sont moins coûteux à l’achat.
Prix d’achat des tests Covid-19.
Nos confrères du Journal ‘’Matin Libre’’ révèlent que selon l’Organisation Ouest-africaine de la santé (OOAS), le coût d’acquisition des TDR varie entre 5 et 10 dollars (entre 2750Fcfa et 5500Fcfa), en fonction du fournisseur ou laboratoire tandis que la PCR est accessible entre 20 et 30 dollars (entre 11 000Fcfa et 16500Fcfa). «Par ailleurs, des coûts supplémentaires tels que le coût de la logistique, des ressources humaines et d’autres consommables de laboratoire sont appliqués par les pays, indique la direction de l’Organisation », rapporte le média.
Des informations confirmées par Dr Onifadé Al Fattah de la Représentation de l’OMS au Bénin. Selon ce dernier dans le journal, le prix d’usine d’un TDR est estimé à environ 5 dollars avec l’écouvillon. Et le coût de la PCR, estimé à 12,7 dollars environ.
Analysant ces prix à l’achat et ceux pratiqués sur le terrain béninois ainsi que les différentes aides octroyées à l’Etat, cela laisse entrevoir un business bien en point développé par le pouvoir. Dans une course effrénée aux profits, il manque d’assister sa population à travers des mesures sociales. Ceci à l’image de plusieurs gouvernements africains dans la gestion de cette crise sanitaire mondiale. Loin d’être une menace économique, cette pandémie semble être une filière fructueuse pour des gouvernants qui en tirent parti.
Le mauvais élève du ‘’social covid’’ dans la sous-région ?
Des Etats voisins comme le Togo, le Niger et autres ont fait l’option d’accompagner leurs populations. Ceci en décrétant la gratuité des factures d’eau et d’électricité pour atténuer les effets de cette crise sanitaire. Le Bénin de son côté, revoie plutôt à la hausse le coût de l’électricité. Depuis Janvier 2021, les Béninois s’habituent à payer l’électricité plus chère que le passé. C’est tel qu’annoncé par la société béninoise d’énergie électrique (SBEE).
Dans un communiqué, la société annonçait que le prix du kilowatt connaîtra une hausse à partir de janvier 2021. Pour ceux dont la tranche est comprise entre 0 et 250 kilowatts, le coût revient à 125 F au lieu de 109 F. Une nouvelle donne qui complique la vie aux citoyens déjà sous le poids des taxes exorbitantes en pleine pandémie.
”Ce n’est pas facile pour moi de joindre les deux bouts depuis l’avènement de covid-19. Tout est devenu ”imprenable” sur le marché. A cela s’ajoute l’augmentation du prix de l’électricité. Je paie maintenant autour de 15 000 allant à 16 000 Fcfa la facture mensuelle alors que par le passé, ça tournait autour de 8. 000 Fcfa”. Témoigne, l’air préoccupé, Ezéckiel Hounkarin, un père de famille. Ce dernier dit avoir des difficultés pour la réinscription et le payement des frais de scolarité de ses enfants à l’école.
Au Togo, pays voisin au Bénin, le gouvernement a pris de nouvelles mesures sociales dans le cadre de la lutte contre le covid-19. Il décide de la gratuité de l’école avec la suppression des frais d’inscription et de scolarité pour les collèges et lycées publics. De même, l’État a, à nouveau décidé de prendre en charge la tranche sociale des factures d’eau et d’électricité pour le compte du mois d’août 2021.
Peu de transparence dans la gestion des fonds Covid.
Dans un rapport rendu public en mai 2021, dont le titre est « Gestion des Fonds Covid, l’écart de la responsabilité », l’International Budget Partnership (Ibp) a évalué 120 pays du monde sur les critères de transparence, de contrôle et participation dans les premières réponses de politique budgétaires au Covid-19.
Il ressort de ce rapport qu’au Bénin dans le domaine de la transparence, l’information fournie au grand public est limitée. Par contre le tableau présente aux stades minimaux les niveaux de contrôle, de la participation et celui de la responsabilité.
L.W.T.