Comment remettre le Bénin des crises nées des élections controversées ? Plusieurs acteurs soucieux du retour au calme après les échauffourées sporadiques, en font leur préoccupation et tentent de colmater les brèches pour la cohésion nationale à travers de multiples démarches dont celle de l’ex président Yayi qui au cours d’un entretien avec son successeur Talon a soumis à ce dernier des doléances. Cette rencontre Yayi-Talon assortie d’une proposition de résolution de crises, ne cesse de faire des vagues. Le Parti Communiste du Bénin (Pcb) ne s’est pas réservé de cette actualité. Dans une déclaration, ce parti dont la ligne politique reste inflexible à la gouvernance de la rupture, se montre favorable à la décrispation de l’atmosphère sociopolitique béninoise mais donne en quatre principaux points des orientations pour y parvenir.
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DÉCLARATION
A PROPOS DE LA RENCONTRE TALON-YAYI :
DECRISPATION OUI, MAIS COMMENT ?
Ventilée dans la soirée du mardi 21 Septembre 2021 sur les réseaux sociaux, l’information d’une rencontre entre l’Ancien Président YAYI Boni et le Président Talon est devenue effective ce mercredi 22 septembre. Le peuple béninois et l’opinion mondiale ont assisté un peu médusés à cette retrouvaille entre les deux Personnalités avec toutes expressions et marques de sentiment au-delà de simples protocoles. Le terme à l’ordre du jour est celui de la décrispation. Aux termes de la déclaration faite par YAYI Boni il est dit : « Nous (le président Talon et moi) sommes convenus que la décrispation politique est indispensable à la paix durable dans notre cité commune afin d’assurer notre vivre ensemble, la concorde et la cohésion nationale ». Au-delà du factuel et de l’évènementiel, ce qui demeure essentiel et consubstantiel à la situation existant dans notre pays, c’est qu’une « décrispation » s’impose. Dans un Communiqué en date de 16 Avril 2021intitulé « A propos des arrestations en cours, consécutives à l’élection présidentielle de mars-avril 2021 », le Parti Communiste du Bénin écrivait en conclusion : « Enfin le Parti Communiste déclare que l’intérêt du Bénin et de son peuple, ne réside point dans la poursuite de l’escalade de violence caractérisée par les arrestations et poursuites policières et judiciaires de toutes sortes, mais dans la réunion de tous les fils et filles de ce pays autour d’un Projet patriotique d’édification du pays qui assure notre souveraineté et son développement harmonieux. .. Le Parti Communiste du Bénin exige en conséquence, l’arrêt de toutes arrestations et poursuites, la libération des détenus politiques et le retour au pays de tous les exilés politiques ».
Le PCB a toujours exigé la prise de ces mesures indispensables à la sauvegarde du minimum au plan politique.
Face à la situation actuelle, nous ne voyons pas, en tous cas, d’autre issue pour le pouvoir de Patrice Talon que la « décrispation » politique. Le contexte tant national qu’international l’y oblige.
Mais la question qui se pose est celle de savoir en quoi doit consister cette décrispation? Au-delà des effusions de sentiments et expressions d’amitiés notées au Palais de la Marina, il y a lieu de préciser le contenu que doit revêtir une décrispation qui concerne l’ensemble du peuple et non limitée au sensationnel et aux intérêts personnels et partisans des personnalités impliquées dans le spectacle du 22 Septembre à savoir le Président TALON et YAYI Boni. Il y a lieu de voir dans deux directions : la première, c’est qu’il faut regarder les causes de la crispation actuelle. Ces causes résident dans les mesures d’exclusion se traduisant par la prise des lois autocratiques et la création d’institutions entièrement contraires aux acquis démocratiques. Sans la suppression de la base juridique de l’autocratie, sans la suppression des lois telles celle créant la CRIET, celle sur le numérique, etc., aucune décrispation n’est possible. La deuxième direction : pendant toute cette période de crispation allant tout au moins de 2018 à 2021, des graves événements impliquant les masses, se sont produits entrainant des nombreux morts et blessés. Doit-on comptabiliser ces victimes en pertes et profits de la réconciliation? Au regard de ces considérations, le Parti Communiste du Bénin déclare que la décrispation doit s’entendre par :
1°- la prise des mesures de libération immédiate de tous les prisonniers politiques, dont en premier lieu le plus ancien d’entre eux, METONGNON Laurent, le retour au pays de tous les exilés politiques; l’annulation des décisions de la CRIET ainsi que l’arrêt de toute procédure judiciaire en cours devant cette juridiction d’exception;
2°- l’abrogation des différentes lois crisogènes, base de toute la crispation politique actuelle;
3°- l’institution d’une Commission chargée de recenser toutes les victimes des différents graves événements ayant marqué cette période tant à Cotonou, Parakou, Tchaourou, Savè, qu’à Bantè, etc, les victimes dont beaucoup sont constitués de militaires et para-militaires; l’indemnisation des victimes vivantes, l’indemnisation des ayant-droits de ceux décédés et la prise des enfants, épouses comme pupilles de la Nation.
4 La réunion de tous les fils et filles de ce pays en États- Généraux du Peuple pour définir un nouveau vivre ensemble constitutionnel.
Et ce sera justice !
Cotonou, le 23 Septembre 2021.
Le Parti Communiste du Bénin