L’affaire du professeur d’université impliqué dans une violence conjugale fait beaucoup parler. L’enseignant s’est rendu coupable de maltraitance physique envers sa femme. Une situation à laquelle Ella Wama, Présidente de Élite Atacora a décidé de réagir.
Dans un argumentaire bien élaboré, elle a passé en revue les différentes réactions suite à cette affaire et apporté son soutien à la victime.
Voir ci-dessous l’intégralité de ses affirmations :
« Ce midi, autour d’un repas, j’échangeais avec un ainé la cinquantaine révolue autour de l’actualité qui défraye la chronique ces dernières 48 h chez nous au Benin : une scène obscène de violence conjugale hautement salée en séquences insoutenables. Insoutenables non pas parce que beaucoup de sang a coulé, non, heureusement, mais ce qui s’y voit est moralement insoutenable.
Et cet ami de me révéler qu’il n’a pas pu regarder la vidéo de deux minutes parce que, rien que de voir des mineurs témoins et acteurs contre leur gré des violences entre leurs géniteurs a fait resurgir en lui le souvenir des violences conjugales que faisaient subir son père à sa mère.
S’il est vrai que l’enfant est le père de l(homme , il est aussi vrai que ces innocents que nous brisons en faisant d’eux des témoins –acteurs de scènes de violence deviendront plus tard des bombes pour notre société.
Je suis écœurée de constater avec quel plaisir malsain cette vidéo a été partagée, sans filtres ni pour le visage de ces mineurs , ni pour la nudité de cette dame. Loin de servir de preuve à nos récits, un tel partage démontre à quel degré notre société est pourrie, en panne de pudeur et de vertu.
Chacun y est allé de son commentaire révélant qui ses tares, qui son ignorance, qui ses talents en délations et qui encore ses vices.
LA CULTURE DE LA VIOLENCE EST TROP ANCREE DANS NOTRE SOCIETE
Et comme je m’y attendais ce matin, le syndrome de la manipulation s’est emparé des internautes.
Avec force violence, on s’en est pris à la victime, crucifiant ce qui lui restait d’humanité, dans ces moments où elle avait le plus besoin de soutien.
Le baromètre pour mesurer la tolérance d’une société à la violence est bien évidemment l’expansion à critiquer,disséquer les réactions d’une victime de violence plutôt que de s’attarder sur les *actes du bourreau
Et à lire les envolées contre la victime ce matin,il est plus que clair que la culture de la violence est ancrée en nous.
LE SYNDROME DE STOCKOLM
La violence physique de cette ampleur n’est jamais spontanée et à cette étape, la victime est déjà psychologiquement convaincue d’être la cause de son malheur.
Et elle cherche dans sa conscience des justifications pour dédouaner son bourreau.
LA VIOLENCE CONJUGALE UN LINGE SALE ?
Le plus dur ce n’est pas cette douleur physique, émotionnelle et mentale subies par une femme de la part de son mari devant ses enfants mais surtout la flagellation dont elle est la cible de la part des personnes censées la comprendre, la protéger et la défendre.
La pression est si forte sur elle: culpabilisation, doute de pouvoir assumer, rejet des proches et de la famille de la victime, pression financière,qu’il est important qu’elle soit moralement soutenue, psychologiquement prise en charge pour tenir le coup.
Et pourtant, une femme n’est jamais responsables des violences qu’elle subit, JAMAIS, car il y a toujours une alternative à la violence.
Il est très très fréquent que les victimes s’en prennent aux personnes physiques et morales (ONG, CPS etc ) qui les soutiennent dans ces circonstances. Cela ne doit pas émousser les ardeurs dans le combat contre les violences sexistes et sexuelles, les violences basées sur le genre en général et les violences de toutes sortes faites aux femmes.
N’empêche, quand la preuve est certaine comme en l’occurrence, la justice fait son travail, qu’elle se constitue partie civile ou pas.
Face aux violences faites aux femmes, quelle autre solution que la prison qui est censée incarner la forme “totale” de justice ?
Face aux violences patriarcales dans cette société où les violences s’accumulent, plus que le punitif, la mobilisation semble finalement être la réponse la plus fédératrice. Mais comment être un·e allié·e quand on ne subit pas l’oppression ?
La réponse carcérale n’est pas la réplique optimale aux violences sexistes et sexuelles, dans notre contexte.
Il y a en amont tout un travail qui n’a pas été fait sur les potentielles victimes et qui explique ce que j’affirme.
Et quand on observe le nombre de non dénonciation toujours exponentiel et les cas de rétractation des victimes toujours croissant, on comprend aisément qu’il faut couper le cycle de la violence, à la racine.
Les faits sont sacrés, les commentaires sont libres ».
Ella WAMA