« Que nous soyons en présence de fraudes effectives ou de simulations de fraudes, ce qui s’est passé est tellement grave pour ne pas être sanctionné. J’ai déjà instruit les procureurs territorialement compétents pour faire ouvrir immédiatement des enquêtes à l’effet de savoir les circonstances dans lesquelles ces images ont été enregistrées », annonçait, mardi 13 avril le garde des sceaux ministre de la justice Sévérin Quenum. A ses côtés à la salle fleuve du ministère des affaires étrangères, d’autres membres du gouvernement dont le porte-parole Alain Orounla. L’exécutif réagissait ainsi aux soupçons de fraudes électorales massives illustrées dans des vidéos et photos qui circulent sur les réseaux sociaux. Près d’une vingtaine de jours après, silence radio.
En effet, au soir de la présidentielle du 11 avril dernier, la toile était inondée de vidéos montrant des individus et membres de bureaux de vote en train d’estampiller les bulletins de vote à la place des électeurs. Des jours sont passés mais depuis l’annonce de cette enquête faite par le gouvernement pour ”situer les responsabilités”, rien de plus précis sur le sujet. L’opinion est restée sans les nouvelles du dossier, au point de susciter des interrogations. Les investigations se poursuivent-elles? Si oui, à quelle étape se trouvent-elles ?
Pourtant les localités et même ces personnes concernées sont facilement identifiables. Quand on sait la rapidité avec laquelle la justice béninoise sauto-saisit des dossiers impliquant des membres d’opposition, le silence cathédral qui entoure la question depuis la sortie, mardi 13 avril des membres du gouvernement, paraît suspicieux. S’agit-il d’une déclaration de l’exécutif pour donner l’impression d’une bonne foi ? Tout porte à le croire, surtout quand on connaît la célérité dans le traitement des dossiers les plus complexes. Ou alors, la justice ferme-t-elle les yeux sur ce qui arrangerait le pouvoir, même en cas de violation de la loi à laquelle ”force devait restée”, comme l’ont toujours clamé les laudateurs du régime de la rupture? <<Nul n’est pourtant au-dessus de la loi>>, se plaisent régulièrement de défendre les ”rupturiens”. Sommes-nous dans un contexte du règne du plus fort? Cela paraît comme une évidence.