M Joseph SADELER Poitiers le, 26 janvier 2021
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LETTRE OUVERTE MALGRÉ MOI
Á
MONSIEUR LE PRÉSIDENT PATRICE TALON
PRESIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DU BÉNIN
Monsieur le Président de la République,
Á ma grande satisfaction en 2016, 65% de mes compatriotes avaient voté pour vous. Modestement peut-être, nous y avions contribué en tant que parti politique du père de l’indépendance. C’est dire combien l’immense respect que j’éprouvais à votre égard s’en est trouvé bien plus grand dès votre élection à la magistrature suprême de notre pays, le Bénin. Aujourd’hui 26 janvier 2021, c’est avec ce même respect et la même admiration pour votre brillantissime parcours, que je viens en toute humilité vers votre haute Autorité.
Monsieur le Président de la République, acceptez qu’après avoir entendu et lu la lettre adressée aux Chefs militaires de notre Pays par les “mamans”, le béninois lambda que je suis, vous fasse sans détour, la suggestion suivante. Dans l’état actuel des choses, une pause serait la bienvenue. En la permettant, vous aurez émis là, le signal le plus fort qu’on puisse émettre en direction d’un peuple dans un grand doute quant à son écoute. L’histoire vous en saura gré.
J’ai été en 2005, une fois le Général M. AZONHIHO promu Ministre de la Défense par votre prédécesseur M. KÉRÉKOU, Vice-Président et Président du Front National pour le Couplage des Élections au Bénin (FNCE), j’ai été de ceux qui ont soutenu publiquement que l’acte de toilettage de notre loi fondamentale soit posé par le Président Mathieu KÉRÉKOU, avant qu’il ne quitte le pouvoir en 2006. Lui seul pouvait prendre le risque de tenter sans heurt l’entreprise, et pourtant malgré la puissance de feu dont il disposait face aux protestations, il s’en était sagement abstenu… Il nous avait été pratiquement impossible de prouver aux béninois que l’intention de cet illustre homme visait uniquement, à rendre juridiquement moins compliquée pour ses successeurs la gestion du pays et non à se conserver à sa tête…” Nous n’avions pas pu hélas, convaincre notre peuple qu’un militaire qui veut s’éterniser à la tête d’un l’État, n’en demande jamais la permission auparavant. Il y reste.
Avant cela, j’ai été en 1990 de toutes les tournées avant et après le référendum sur cette constitution de février 1990. De ce fait, j’ai aussi été le lendemain du mémorable “OUI” de nos compatriotes, témoin de la réflexion maintes fois répétée avec tristesse par les Présidents H. MAGA et J. T. AHOMADÉGBÉ. À savoir, je cite : ” … tôt ou tard, cette constitution opposera les Béninois…”. Je passe le reste.
Monsieur le Président de la République, votre refus de prendre en compte les conditions de révision de notre Constitution alors qu’elle appartient de manière intangible aux béninois, est entrain de leur donner raison.
La conjoncture sociopolitique actuelle ne se prête pas à la consécration in fine, des nouvelles réformes à travers les prochaines élections présidentielles. La bonne manœuvre, lorsque l’opposition à un projet s’amplifie avec autant d’intensité, serait de l’ajourner. Le faire n’a jamais été nulle part dans la vie d’une nation, ni un échec, ni un succès pour personne, mais toujours la victoire de tous, sur le mal qui divise.
Monsieur le Président de la République, il est clair, en tout cas j’en suis persuadé, que vous passerez si vous le voulez en force, que les élections auront bien lieu hors des dates constitutionnelles des 6 et 20 mars 2021, que les députés ont votées. Vous en avez largement les moyens politiques, financiers et surtout humains, mais auparavant, mesurez bien quelles pourraient en être les conséquences pour la paix sociale si nécessaire à la prospérité attendue de vous par tous les béninois. Elle est facile à compromettre et si difficile retrouver. Trop d’exemples jalonnent notre continent.
Même s’il est plaisant pour moi de constater sans gloire aucune, que ceux qui en 2005, nous taxaient injustement d’ennemis de la démocratie, de vouloir amener au Bénin “radio mille collines” n’ont plus aujourd’hui autour de vous cette inquiétude, il n’en est pas moins impératif de savoir bien choisir le moment propice à adapter ces nouvelles réformes aux exigences des temps modernes et surtout avec le consentement du peuple souverain.
Conseils :
En ne voulant pas comme il le lui revenait, de se prononcer sur la constitutionnalité ou non du parrainage et sur la prorogation de quarante et cinq jours de votre mandat, la Cour Constitutionnelle a ouvert une piste parfaitement exploitable en vue d’une sortie de crise. Ne la négligez pas.
Privilégiez plutôt la reconquête de l’affection du peuple dans vos actes, c’est la seule protection que vous aurez dans tous les cas, après Dieu.
La somme des équations de ce pays devrait rester votre seule équation conformément aux engagements pris envers lui, depuis 6 avril 2016.
Si mes chers compatriotes béninois sont courageux, c’est souvent sur papier, il n’en est pas de même pour mes aussi chères compatriotes béninoises, mères, sœurs, filles, épouses. Je voudrais tout aussi humblement vous priez d’entendre les cris de désespoir de ces “mamans” qui s’élèvent vers vous.
« Un acte de justice et de douceur a souvent plus de pouvoir sur le cœur des hommes que la violence et la barbarie. » Nicolas Machiavel
L’indigence prend de l’ampleur dans notre Bénin, ne la laissez pas amener les, fabuleux, patients, pacifiques et si indulgents béninois à descendre dans les rues. Personne n’y a intérêt.
Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute considération.
Joseph SADELER