L’Union Sociale Libérale (Usl), le parti de l’homme d’affaire Sébastien Ajavon en exil, n’approuve pas les règles élaborées par le gouvernement pour la tenue en 2021 des élections présidentielles. A travers huit points essentiels, cette formation politique pose des préalables avant l’organisation de ce scrutin présidentiel. Face aux militants Usl et la presse, ce mercredi 9 décembre 2020 le bureau national par la voix de Mariam Arouna, la Secrétaire aux affaires extérieures du parti a rendu publique sa position, au détour d’une déclaration dont en voici l’intégralité.
LeParakois
DÉCLARATION DE L’USL
Militantes et Militants,
Béninoises et Béninois,
Chers compatriotes,
Cela fait bientôt cinq (05) ans que le Gouvernement dit de la Rupture avec à sa tête le Président Patrice Talon, a décidé de mettre à mal notre démocratie chèrement acquise en choisissant l’exclusion comme mode de gouvernance.
Dans l’intérêt supérieur de la nation, L’Union Sociale Libérale (USL) s’est résolument et honnêtement engagée dans la lutte pour la restauration de la démocratie dès les premiers signes de la dérive autoritaire du pouvoir de Patrice Talon.
Heureusement, depuis quelques mois la communauté nationale et internationale ont commencé par se convaincre de la justesse de notre lutte. Ainsi, sous l’impulsion des plaintes de notre leader, nombre de juridictions et organismes internationaux ont rendu plusieurs décisions et avis en faveur de notre cause.
En effet, au delà des décisions déjà rendues précédemment en faveur de l’annulation de toutes les condamnations injustement prononcées contre notre leader au Bénin, la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) vient de rendre une série de décisions dans une affaire opposant le Président d’Honneur de l’USL, Sébastien Ajavon à l’État béninois le 04 décembre 2020.
Au nombre de ces décisions historiques, la cour ordonne au Bénin de prendre toutes les mesures nécessaires, en tout cas avant toute élection, pour abroger :
– l’article 27 alinéa 2 de la loi N°2018-23 du 18 septembre 2018 portant charte des partis politiques ;
– les articles 1 et 2 de la loi organique N°2018-02 du 04 janvier 2018 modifiant et complétant la loi organique N°94-027 du 18 mars 1999 relative au Conseil Supérieur de la Magistrature ;
– la loi N°2019-39 du 31 juillet 2019 portant amnistie des faits criminels, délictuels et contraventionnels commis lors des élections législatives du 28 avril 2019 et de diligenter toutes les enquêtes nécessaires pouvant permettre aux victimes d’obtenir la reconnaissance de leurs droits et reparations ;
– la loi constitutionnelle N°2019-40 du 07 novembre 2019 portant révision de la Constitution de la République du Bénin et toutes les lois subséquentes, notamment la loi N°2019-43 du 15 novembre 2019 portant code électoral, et de se conformer au principe du consensus national édicté par l’article 10 (2) de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance pour toute autre révision constitutionnelle;
Par ailleurs, la cour ordonne au Bénin de prendre toutes les mesures nécessaires pour abroger toutes les dispositions interdisant le droit de grève et pour exécuter son obligation de garantir l’indépendance de la cour constitutionnelle et du pouvoir judiciaire.
L’USL et son leader viennent ainsi de donner au peuple béninois un cadre légal et légitime d’exercice de sa souveraineté. Oui! Le principe de souveraineté tant évoqué pour ne pas appliquer les décisions de la noble cour africaine appartient au PEUPLE SEUL et non à un gouvernement. Au delà donc de la réjouissance légitime pour cette bataille gagnée, il est du devoir citoyen du peuple d’exiger de ses dirigeants la mise en application, sans condition, de ces décisions qui s’imposent au Bénin.
Il est clair que jusqu’ici, l’USL a privilégié la voie de la légalité en saisissant les juridictions nationales et internationales pour que justice soit faite. Malgré tous ces recours et notamment les diverses décisions de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, le gouvernement de Patrice Talon n’a toujours pas daigné entendre raison. De cet entêtement, l’USL a été injustement écartée des élections législatives et communales à l’instar d’autres forces de l’opposition.
Par le même jeu de l’exclusion, le gouvernement tente, de maintenir le leader de l’USL en exil en dépit des décisions de justice, l’empêchant ainsi de jouir de son droit constitutionnel d’être candidat à l’élection présidentielle de 2021.
Cette fois-ci le parti et ses démembrements à la base ne l’accepteront pas.
En rappelant cette accumulation d’injustices, l’USL prend le peuple béninois et toute la communauté internationale à témoin de ce terreau crisogène que le gouvernement béninois s’emploie à constituer et dont il sera tenu pour seul responsable.
En conséquence, l’USL s’oppose à toute élection présidentielle en 2021 dans les conditions actuelles et exige:
1. Le respect par le gouvernement béninois de toutes les décisions de la CADHP rendues en faveur de son leader Sébastien Ajavon et son retour sans condition au Bénin;
2. Le retour au Bénin, sans condition, de tous les autres exilés politiques;
3. La libération, sans condition, de tous les détenus politiques illégalement incarcérés;
4. L’audit indépendant de la liste électorale;
5. La levée de tous les blocages artificiels notamment la suppression du système de parrainage qui ne saurait s’appliquer dans le contexte actuel d’un parlement, d’élus locaux et d’une cour constitutionnelle à la solde du Président Talon;
7. En application de la décision de la CADHP, l’annulation pure et simple de la révision de la constitution de 1990 faite par un parlement non représentatif du peuple. Dans tous les cas, l’USL tient à mentionner haut et fort qu’il s’oppose en particulier à toute rallonge du mandat du président Patrice Talon après le 05 avril 2021;
8. Sous réserve de la satisfaction de toutes les exigences ci-dessus, la constitution d’un organe ad’hoc composé de toutes les forces politiques pour une surveillance rigoureuse du processus électoral de 2021.
Mais en cas d’incapacité du gouvernement à satisfaire à temps ces conditions pour une élection présidentielle inclusive et pacifique, l’USL propose un dialogue national débouchant sur une transition politique pour sortir le Bénin du bourbier actuel.
Par la même occasion l’USL lance un appel patriotique à tous les partis et tout potentiel candidat opposés à la gouvernance du Président Talon de veiller à ne pas crédibiliser une élection présidentielle exclusive et anti-démocratique. Évitons de nous inscrire sur la liste des bourreaux du peuple et leurs complices.
Enfin l’USL demande à toutes ses militantes et tous ses militants, ainsi qu’à tous les compatriotes épris de paix et de justice de se tenir mobilisés pour sonner le glas de l’imposture et le retour à l’ordre démocratique.
Vive USL
Vive la démocratie
Vive le Bénin
Le Bureau National