La démission simultanée de six députés du parti Les Démocrates a fait l’effet d’une bombe dans le paysage politique béninois. Si les intéressés évoquent un « déficit de démocratie interne » et une « gouvernance déclinée vers une paranoïa destructrice », nombre d’observateurs peinent à y voir des arguments convaincants. La chronologie des faits, la proximité de certains démissionnaires avec des figures de la mouvance présidentielle, et surtout le contexte électoral qui se profile, laissent planer un doute légitime sur la sincérité de cette décision. Pour beaucoup de Béninois, ces départs ressemblent davantage à un calcul politique soigneusement orchestré qu’à une rupture idéologique fondée.
Derrière les déclarations de façade, c’est en réalité une stratégie de déstabilisation de l’opposition qui semble se dessiner. En s’attaquant à Boni Yayi, figure tutélaire de Les Démocrates, les démissionnaires prennent le risque de fragiliser davantage le principal parti d’opposition dans un moment où l’unité est vitale. Certains cadres du parti dénoncent déjà une « opération de récupération » visant à affaiblir le camp adverse, d’autant que les griefs avancés — manque de concertation, inertie du président, division interne — sont loin d’être nouveaux dans les formations politiques africaines. La coïncidence entre cette démission collective et les tensions politiques liées à la présidentielle de 2026 ne fait qu’alimenter les soupçons.
Sur le terrain, la population, elle, reste dubitative. Beaucoup y voient une manœuvre opportuniste plutôt qu’un acte de conviction. Dans les rues de Cotonou comme à Parakou, les discussions vont bon train : « S’ils étaient vraiment attachés à la démocratie, pourquoi partir maintenant, à la veille d’un scrutin crucial ? », s’interrogent certains citoyens. D’autres rappellent que Les Démocrates demeurent le seul parti à incarner une opposition cohérente face au régime actuel. En définitive, cette démission à six voix traduit moins une crise de conscience qu’un épisode supplémentaire de la recomposition politique en cours, où les intérêts personnels semblent une fois encore primer sur le combat collectif pour l’alternance.
















