Au lendemain d’un scrutin présidentiel déjà marqué par de graves incidents, la situation reste explosive en Tanzanie. Ce jeudi, de nouveaux affrontements ont éclaté dans plusieurs grandes villes du pays, notamment à Dar es Salaam où des détonations ont encore retenti jusque tard dans la soirée. Des témoins évoquent des scènes d’une extrême brutalité : des manifestants battus à coups de matraque, contraints par la police à se rouler dans la boue, tandis que la capitale économique restait paralysée par un couvre-feu strict. Commerces fermés, écoles closes et rues désertes témoignaient d’une atmosphère de peur, alors que les forces de l’ordre imposaient leur loi dans un climat de répression généralisée.
Les rares informations qui parviennent à circuler, malgré la coupure répétée d’internet et des réseaux mobiles, font état d’une contestation qui s’étend à d’autres régions. À Arusha, Kigoma, Mwanza ou encore Songwe, des manifestations ont éclaté pour dénoncer les irrégularités présumées du scrutin. À Arusha, la tension restait vive ce jeudi soir : « On entend encore des coups de feu, et personne ne sait quand cela s’arrêtera », confie une habitante. La paralysie économique inquiète particulièrement les travailleurs du secteur informel, pour qui le confinement forcé représente une véritable catastrophe. « Nous vivons au jour le jour, cela ne peut pas durer éternellement », s’alarme-t-elle, redoutant une aggravation rapide de la crise sociale.
Sur le plan politique, la répression inquiète la société civile. Boniface Mwabukusi, président de la Tanganyika Law Society (TLS) et défenseur des droits humains, décrit un « chaos total » : des civils tués par balles, d’autres arrêtés ou passés à tabac. Selon lui, il s’agit de la « pire situation » observée lors d’une élection depuis plusieurs décennies. Un bilan non officiel évoque déjà plus d’une centaine de morts en deux jours. Pourtant, le gouvernement reste silencieux, hormis un message du chef des armées, Jacob Mkunda, qui a qualifié les manifestants de « criminels » et menacé de « ripostes légales ». Une déclaration qui confirme la fermeté du régime et laisse craindre une nouvelle escalade de la violence dans les heures à venir.
 
	    	















