À l’approche des élections générales de 2026, le climat politique au Bénin devient de plus en plus tendu pour les figures de l’opposition. Dans un contexte où de nombreux opposants vivent en exil depuis plusieurs années, ceux qui ont choisi de rester au pays font face à une répression judiciaire croissante. Le dernier cas en date est celui de Julien Kandé Kansou, jeune poète et membre actif de la cellule de communication du parti Les Démocrates, placé sous mandat de dépôt le jeudi 12 juin 2025 par le procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), Mario Mètonou.
Interpellé le 5 juin, Julien Kandé Kansou a passé une semaine en garde à vue avant d’être présenté devant le parquet. Malgré les efforts de ses avocats, Me Augustin Aballo et Me Renaud Agbodjo, sa demande de mise en liberté provisoire a été rejetée. Son procès est prévu pour le 1er juillet. Les charges retenues contre lui portent sur la « publication de fausses nouvelles » et le « harcèlement par voie électronique », en lien avec des publications critiques du régime en place sur les réseaux sociaux.
Cette nouvelle arrestation intervient quelques jours seulement après l’inculpation du cyberactiviste Steve Amoussou, poursuivi pour « diffusion de fausses nouvelles et injures contre un groupe politique ». Ces deux affaires récentes s’ajoutent à une liste déjà longue de figures de l’opposition poursuivies ou emprisonnées, parmi lesquelles Reckya Madougou et Joël Aïvo, détenus depuis plusieurs années. Leur libération, régulièrement exigée par la classe politique d’opposition, demeure sans suite.
Pour de nombreux observateurs et militants, la mise sous mandat de dépôt de Julien Kandé Kansou s’inscrit dans une stratégie de musellement systématique des voix discordantes. À mesure que l’échéance électorale de 2026 se rapproche, les critiques fusent contre ce qu’ils qualifient de « manœuvres d’intimidation » visant à affaiblir l’opposition.
En étouffant les voix critiques à travers des procédures judiciaires, le pouvoir en place semble renforcer un climat de peur et de méfiance. Pour l’opposition, il ne fait aucun doute que ces arrestations ciblées constituent une menace directe pour le pluralisme démocratique. Et plus les voix s’éteignent, plus l’espace de débat politique se rétrécit dangereusement.
À moins d’un sursaut démocratique, la répression judiciaire pourrait continuer à miner l’équilibre politique du pays, compromettant la crédibilité des prochaines échéances électorales. Dans ce contexte, l’avenir de l’opposition semble de plus en plus incertain, à l’image d’un échiquier politique dont les pièces sont progressivement déplacées par la force.
A.O