Dans une sortie aussi lucide que tranchante, l’ancien ambassadeur du Bénin près des États-Unis, Omar Arouna, a livré, depuis Washington DC, une analyse sans détour de l’actualité politique béninoise, en particulier de l’interpellation de Richard Boni Ouorou dans ce que l’opinion publique appelle déjà “l’affaire Parti Libéral”. L’ex-diplomate n’a exprimé ni surprise ni compassion face aux ennuis judiciaires de celui qu’il qualifie de « prestidigitateur politique », estimant que cette descente aux enfers n’est que la suite logique d’un parcours opportuniste. Pour lui, Boni Ouorou s’est construit une posture politique sur la douleur du peuple sans réelle vision, avant de se heurter à la dure réalité d’un système qu’il a voulu manipuler à ses fins.
Omar Arouna n’épargne pas non plus d’autres acteurs clés du paysage politique. Il évoque, avec une verve contenue mais incisive, le rôle trouble de figures comme Olivier Boko, bras droit du chef de l’État, ou encore l’ancien président Nicéphore Soglo, qu’il qualifie ironiquement de « Chief Promotion Officer » du régime en place. Pour Arouna, ce climat politique délétère est entretenu par une classe politique qui, entre duplicité et quête d’intérêts personnels, a perdu tout sens de l’intérêt général. Il fustige également les leaders du parti Les Démocrates, qu’il accuse de défendre l’indéfendable et de s’accrocher à un processus électoral vidé de sa substance démocratique.
Au-delà des critiques, Omar Arouna pose un diagnostic plus large de la situation du pays. Il décrit un Bénin rongé par la peur, l’exclusion et la confiscation du débat public, où les forums d’idées sont remplacés par une « démagogie molle » et un « politiquement correct » stérile. Pour lui, il ne suffit plus de dénoncer ; il faut reconstruire. Et cette reconstruction ne peut se faire sans un sursaut national : libération immédiate des prisonniers politiques, retour des exilés, et surtout l’organisation d’une grande assise nationale, inclusive et sincère.
Cet appel solennel d’un ancien haut représentant de l’État traduit une exaspération croissante face à l’impasse démocratique. En proposant une voie de sortie fondée sur le dialogue et la réconciliation, Omar Arouna invite toutes les forces politiques, de l’opposition comme du pouvoir, à sortir de leur logique de survie individuelle pour embrasser celle du salut collectif. Un message fort lancé depuis l’étranger, mais qui résonne avec une acuité particulière dans le contexte électoral qui s’annonce au Bénin