Le monde des réseaux sociaux est une scène où le nombre d’abonnés peut peser plus lourd que l’estime de soi. Misha Agrawal, une jeune influenceuse indienne de 24 ans, en a tragiquement fait les frais. Fondatrice d’une marque de cosmétiques et suivie par plus de 350 000 abonnés sur Instagram, elle n’avait qu’un objectif en tête : franchir le cap symbolique du million de followers. Deux jours avant son 25e anniversaire, elle a mis fin à ses jours, plongeant ses proches dans une douleur indicible. Son téléphone, racontent-ils, affichait en permanence ce chiffre inatteignable, obsessionnel.
Dans un message bouleversant publié sur Instagram, sa sœur a levé le voile sur la détresse que Misha traversait en silence. “Elle avait bâti tout son univers autour de son image en ligne”, confie-t-elle. La jeune femme, qui incarnait la réussite et la créativité aux yeux de ses fans, cachait une profonde dépression alimentée par la stagnation, voire la diminution, de sa communauté numérique. Les retours du public, autrefois source de joie, sont devenus des jugements permanents. Misha, enfermée dans cette quête de validation virtuelle, n’a pas trouvé d’issue ailleurs que dans le vide.
Ce drame relance un débat de société urgent sur la santé mentale à l’ère des réseaux sociaux. La course aux abonnés, aux likes, et aux vues peut transformer les plateformes en prisons invisibles, particulièrement pour les jeunes influencé·e·s exposé·e·s à une pression constante. La tragédie de Misha Agrawal nous interroge collectivement : comment protéger celles et ceux qui, derrière les filtres et les conseils lifestyle, vivent une solitude numérique amplifiée par une quête dévorante de reconnaissance ? Il est peut-être temps que l’industrie de l’influence et les géants du numérique revoient leur modèle, avant qu’un écran noir ne vienne à nouveau remplacer un visage rayonnant.
