Samedi 26 avril 2025, au siège du parti Les Démocrates à Parakou, les femmes venues massivement célébrer en différé la Journée Internationale de la Femme espéraient entendre la voix familière de l’ancien président Boni Yayi. Le chef de file de l’opposition, connu pour son verbe enflammé et son attachement affiché aux femmes béninoises, était pourtant là, physiquement présent mais curieusement silencieux. Dans une salle archicomble où même une mouche aurait eu du mal à se faufiler, son mutisme a étonné plus d’un. Pas même un mot de sa célèbre déclaration : « Je vous aime, je vous adore, vous êtes toutes belles ». Le contraste était saisissant, et l’ambiance mêlait admiration, attente et interrogations.
Ce silence inhabituel de l’ancien président soulève bien des hypothèses. Certains observateurs y voient une forme de stratégie calculée. Dans un contexte politique marqué par des tensions et une répression ciblée contre les voix critiques, Boni Yayi pourrait opter pour une réserve tactique, laissant plutôt la parole aux femmes leaders du parti. Une façon subtile de recentrer l’attention sur leurs voix, à une période où l’égalité et la place de la femme dans la société sont au cœur des débats. D’autres évoquent une possible fatigue politique ou un message silencieux destiné à ses partisans comme à ses adversaires : le combat continue, mais autrement.
Mais faut-il y voir un vrai tournant dans sa manière de faire de la politique ? Boni Yayi est-il en train de se réinventer en adoptant une posture de sage, observateur et calculateur ? Ou alors ce silence cache-t-il un malaise, une contrainte ou une pression venue de quelque part ? Le mystère reste entier. Ce qui est certain, c’est que le mutisme de ce samedi n’est pas anodin. Il nourrit les débats et relance la question de l’évolution de la ligne stratégique de l’opposition béninoise, dont Boni Yayi reste, qu’on le veuille ou non, la figure de proue.