Le dernier rapport de l’Institut V-Dem sur la démocratie dresse un constat alarmant sur l’évolution politique du Bénin sous le régime de Patrice Talon. Jadis cité en exemple pour sa vitalité démocratique, le pays est aujourd’hui qualifié de “démocratie en déclin” et plongé dans un processus d’autocratisation entamé depuis 2016.
Un recul démocratique profond
Selon le rapport intitulé « La démocratie gagne et perd aux urnes », le Bénin est l’un des rares pays où la démocratie s’est effondrée, avec quelques avancées récentes insuffisantes pour rétablir une véritable démocratie électorale. Le document souligne que dès son élection en 2016, le président Talon a progressivement affaibli les institutions démocratiques :
L’indépendance de la justice a été érodée, fragilisant l’état de droit.
La concurrence politique a été sabotée, excluant des opposants majeurs.
Les journalistes et voix critiques ont été harcelés, réduisant la liberté d’expression.
Les élections ont été biaisées, privant les citoyens de choix réels.
Le rapport rappelle notamment que lors des législatives de 2019, seuls les partis proches du pouvoir ont été autorisés à concourir. Quant à la présidentielle de 2021, elle s’est tenue sans véritable opposition, car les principaux adversaires de Talon étaient soit arrêtés, soit en exil.
Un semblant d’ouverture sans réel changement
Les élections législatives de 2023, qui ont vu la participation du parti d’opposition Les Démocrates, sont présentées comme une timide amélioration. Cependant, le rapport souligne que malgré cette ouverture, le Bénin reste une autocratie électorale. La présence d’une opposition à l’Assemblée nationale (24 % des sièges) n’a pas permis un véritable rééquilibrage du pouvoir, et l’Indice de Démocratie Libérale (LDI) du pays reste inférieur aux niveaux d’avant 2016.
Déni du pouvoir et complaisance dangereuse
Face à ces critiques, le gouvernement béninois continue de minimiser la gravité de la situation. À l’interne, les voix dénonçant ce recul démocratique sont systématiquement marginalisées ou réduites au silence. Certains soutiens du régime vont même jusqu’à opposer démocratie et développement, suggérant que la régression des libertés serait un prix à payer pour la croissance économique.
Mais lorsque ce sont des experts internationaux qui alertent sur l’état inquiétant de la démocratie béninoise, le silence devient coupable. Combien de signaux faudra-t-il encore avant que les dirigeants ne prennent la mesure du danger ?
Si rien ne change, le Bénin risque de s’enfoncer durablement dans une gouvernance autoritaire, éloignant encore plus le pays de son glorieux passé démocratique.