L’ancien président de l’Assemblée nationale, Me Adrien Houngbedji, est enfin sorti de son silence ce samedi 1ᵉʳ février, exprimant son désarroi face à la situation politique tendue au Bénin. Sans nommer directement Olivier Boko, il a dénoncé la récente condamnation de ce dernier dans l’affaire dite de tentative de coup d’État, un dossier qui suscite encore de vives controverses. Houngbedji a également appelé à l’organisation d’une assise nationale similaire à la Conférence nationale des forces vives de 1990, estimant qu’un dialogue inclusif est nécessaire pour apaiser le climat politique et restaurer la confiance entre les acteurs. Cette sortie, aussi inattendue que tardive, a rapidement suscité des réactions au sein de la classe politique et de l’opinion publique.
Me Houngbedji ne s’est pas arrêté là. Il a plaidé pour le retour des exilés politiques et la libération des prisonniers incarcérés dans le cadre des affaires politiques de ces dernières années. Ce discours tranche avec son attitude passée, notamment lors de son mandat à la présidence de l’Assemblée nationale entre 2015 et 2019. À l’époque, la minorité parlementaire et plusieurs observateurs dénonçaient déjà une dérive autoritaire du régime de Patrice Talon, mais Houngbedji avait choisi de maintenir une posture conciliante, voire complice, selon ses détracteurs. Aujourd’hui, sa prise de parole semble traduire une prise de conscience tardive, mais aussi un certain calcul politique à l’approche des prochaines échéances électorales.
Si certains saluent enfin son courage de parler, d’autres ne manquent pas de pointer l’ironie de ce réveil. Les années 2017-2018 avaient été marquées par une opposition muselée, des lois controversées votées sous son mandat, et une neutralité qui avait souvent servi les intérêts du pouvoir. L’appel d’Adrien Houngbedji à un sursaut national résonne donc comme un aveu implicite de ses propres responsabilités passées. Reste à voir si cette posture tardive pourra réellement influencer le cours des événements ou s’il s’agit d’un simple baroud d’honneur d’un acteur politique en quête de rédemption.