La Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) a frappé fort en annonçant, ce mardi, la suspension de plusieurs médias, notamment Crystal News, Reporter Média Monde, Le Patriote, et la page TikTok de Madame Actu. Officiellement, il leur est reproché de ne pas être en règle avec les exigences d’enregistrement. Cette décision, bien que justifiée par la HAAC comme une application rigoureuse des textes en vigueur, soulève de nombreuses interrogations, notamment sur le timing et les motivations profondes de cette mesure, alors que d’autres médias dans des situations similaires n’ont pas été inquiétés.
La coïncidence interpelle. Ces médias s’étaient récemment illustrés par leur audace éditoriale, en abordant des sujets sensibles et en consacrant une large part de leur contenu à des affaires délicates comme le procès de la tentative de coup d’État impliquant Oswald Homéky et Olivier Boko. Si la HAAC n’a pas explicitement évoqué leur ligne éditoriale, certains observateurs n’hésitent pas à y voir une sanction déguisée visant à museler des voix critiques. Cette mesure intervient également dans un climat où la liberté de la presse est perçue par beaucoup comme mise à mal, renforçant les soupçons d’une volonté de contrôle des médias indépendants.
Dans un paysage médiatique déjà fragile, cette vague de suspensions fait craindre un précédent dangereux. Des web TV et presses en ligne non enregistrées continuent pourtant de fonctionner sans être inquiétées, ce qui pose la question d’une application sélective de la réglementation. Face à ces interrogations, les défenseurs de la liberté de presse appellent à une clarification rapide de la part de la HAAC et à un dialogue avec les acteurs concernés pour préserver un pluralisme médiatique essentiel à la démocratie béninoise. Cette journée restera, pour les professionnels des médias, un sombre rappel des défis qui continuent de planer sur leur mission d’informer.