La scène politique béninoise n’en finit pas de surprendre. Noël Chadaré, ancien pourfendeur de la gestion de Patrice Talon et figure emblématique du syndicalisme à la tête de la COSI-Bénin, a officiellement rejoint l’Union Progressiste le Renouveau, un parti de la mouvance présidentielle. Cette adhésion, célébrée en grande pompe le mardi 26 novembre à Cotonou, laisse un goût amer à ceux qui voyaient en lui un défenseur farouche des droits des travailleurs, libre de toute compromission politique. Désormais, il se place aux côtés de ceux qu’il accusait autrefois d’asphyxier les libertés démocratiques et sociales.
L’homme, qui se présente comme un “retraité militant pour le développement”, semble avoir rangé au placard ses critiques virulentes contre le régime Talon. Nombreux se demandent ce qui a motivé ce virage à 180 degrés. Est-ce une quête sincère de nouvelles avenues pour “servir le peuple” ou simplement l’attrait irrésistible des avantages et privilèges qu’offre le pouvoir ? Dans un pays où le passage du syndicalisme à la politique s’apparente de plus en plus à une reconversion classique, cette décision soulève une fois encore la question de la crédibilité et de la constance des leaders d’opinion.
Alors, que penser ? À la lumière des discours enflammés de Chadaré contre les abus de pouvoir d’hier, son ralliement ressemble à un aveu de renoncement ou, pire, à un signe de l’essoufflement du combat syndical. “Tout ça pour ça”, ironisent certains citoyens, déçus par ce qui apparaît comme un revirement opportuniste. Une République béninoise où les figures syndicales finissent par troquer leurs mégaphones contre des cartes de membre de la mouvance semble ne rien laisser au hasard : même les voix critiques finissent par devenir des murmures d’approbation dans l’écho d’un système qu’elles dénonçaient jadis.