L’animation de la vie politique depuis quelques mois est d’une singularité inédite au point de devenir insolite. La seule formation politique sur laquelle reposait l’espoir de plusieurs Béninois pour une réelle opposition dans le pays était – l’est-t-il encore ? – la Force Cauris pour un Bénin Émergent (Fcbe) de l’ex président Boni Yayi à qui le parti sera subrepticement arraché par un braquage des plus épiques.
Comme une molécule morphinique, la rupture s’en sert pour tenter de soigner de béantes plaies que porte depuis peu le système démocratique du Bénin. Les figurations sporadiques de cette formation politique à des occasions précises sont régulièrement brandies comme de trophée de guerre par les caciques de la rupture pour se réjouir du dialogue politique puis des communales du 17 mai 2020. Bien de prétextes qui s’effilochent aux contacts des réalités sociopolitiques.
Tels des félins en quête de proies, les Cauris, griffes et crocs dehors attaquent avec une rare férocité, les moindres initiatives ou actions des partis politiques de l’opposition. Une opposition à laquelle, ils disent, à qui veut les entendre, appartenir. Énorme paradoxe ! Les cauris semblent désormais avoir de l’admiration pour le chantre de rupture. Dans chacune de leur sortie, Paul Hounkpè et les siens ne ratent aucunement l’occasion d’étaler leurs bisbilles avec les adversaires politiques du régime Talon, devenus visiblement les cibles principales. Raison avancée, c’est que la Fcbe version Hounkpè est celle d’une opposition modérée. Drôle d’opposition !
Un parti se réclamant de l’opposition, qui dans le même temps combat l’opposition et tresse les lauriers au régime. Voilà c’est qu’est devenue la Fcbe dépourvue de son président d’honneur. ”Faire l’âne pour avoir le foin” ou ”l’opposition modérée” comme aiment bien se justifier les nouveaux propriétaires cauris dans leur démarche, semble souffrir d’une grosse carence en finesse et en stratégie. Et ça ressemble bien à un énorme traquenard politique pour fissurer davantage l’opposition déjà en lambeaux.
Loukoumane WOROU TCHEHOU
