Dans une question d’actualité adressée au gouvernement, le député Habibou Woroucoubou dénonce une pratique qu’il qualifie de préoccupante : l’acquisition récurrente de domaines publics par des personnalités liées à l’État, notamment par la famille du président Patrice Talon. La récente ouverture du « Lycée Pierre Manoël Talon » à Fidjrossè, Cotonou, a relancé ce débat. Selon le député, cet établissement serait érigé sur un terrain qui appartenait à Bénin Télécom SA, une structure publique en liquidation, désormais propriété de la Fondation Claudine Talon.
Un terrain d’État devenu privé ?
Le député Woroucoubou s’interroge sur les conditions ayant permis ce transfert de patrimoine public à la Fondation Claudine Talon, dirigée par l’épouse du président de la République. Il soupçonne un conflit d’intérêt et pointe du doigt la pratique de l’acquisition de biens publics par des personnalités proches du pouvoir, un phénomène de plus en plus visible au Bénin. Woroucoubou rappelle que la Fondation Claudine Talon bénéficie de financements publics, ce qui, selon lui, rend la situation encore plus délicate en termes de transparence et d’éthique.
Des questions au gouvernement
Dans son interpellation, le député exige des clarifications sur plusieurs points :
- À quel moment le domaine de Bénin Télécom a-t-il été proposé à la vente, et sous quelles conditions ?
- Quelles clauses ont permis de transférer ce bien public à une fondation privée ?
- Combien de domaines publics ont déjà été acquis par le président Talon ou des membres de sa famille ?
- Ces acquisitions ont-elles fait l’objet d’une offre publique, et quels documents l’attestent ?
- Les pratiques actuelles d’acquisition de biens publics par la famille présidentielle respectent-elles les normes légales et éthiques, notamment en matière de conflits d’intérêt ? Un débat sur l’éthique en République du Bénin
Habibou Woroucoubou appelle à une réflexion plus large sur l’éthique en démocratie. Il estime que la pratique consistant à voir le chef de l’État et sa famille acquérir des biens publics de manière discrète fragilise la confiance des citoyens dans les institutions et menace les valeurs morales qui fondent la société béninoise. Pour lui, il est urgent que le gouvernement réponde aux préoccupations soulevées et prenne des mesures pour prévenir de tels agissements.
Le député souligne enfin que le silence des autorités judiciaires face à ces acquisitions alimente le sentiment d’impunité et la méfiance des Béninois. Il exhorte donc les juridictions compétentes à se pencher sur ces pratiques et à s’assurer que l’intérêt public prime sur les intérêts privés.
Woroucoubou conclut en affirmant que le Bénin, en tant que pays démocratique, ne peut tolérer de telles dérives, surtout si elles sont liées à des conflits d’intérêt au plus haut niveau de l’État.