Le rachat de Multichoice par Canal+, dirigé par Vincent Bolloré, soulève des suspicions à Pretoria. Ce rapprochement intrigue le ministère des affaires étrangères sud-africain, notamment en raison des liens de Bolloré avec l’extrême droite française.
Au cœur des préoccupations de la nouvelle administration sud-africaine se trouve la tentative d’acquisition du diffuseur sud-africain Multichoice par Canal+. Depuis le 1er juillet, Ronald Lamola, ministre des affaires étrangères et membre de l’African National Congress (ANC), s’efforce de décrypter les motivations de Vincent Bolloré. Le ministre craint que le principal groupe de télévision sud-africain ne tombe sous l’influence d’un homme d’affaires proche de l’extrême droite française.
Les relations diplomatiques entre Pretoria et Paris étant souvent tendues, l’idée de voir le premier diffuseur anglophone d’Afrique subsaharienne sous contrôle français est mal accueillie en Afrique du Sud. Multichoice, opérant dans 50 pays africains et servant plus de 23 millions de clients, représente un outil d’influence anglophone significatif.
Le ministre Lamola dispose cependant de peu de leviers d’action. Public Investment Corp (PIC), le gestionnaire public d’actifs sud-africain et deuxième actionnaire de Multichoice avec près de 15 % des parts, a déjà examiné l’offre de Canal+ en juin. Bien que le PIC n’ait pas encore rendu son avis, il a transmis ses exigences à Maxime Saada, président du directoire de Canal+, demandant notamment que l’entité reste cotée sur le Johannesburg Stock Exchange (JSE).
L’OPA de Canal+ est également scrutée par la commission de la concurrence du ministère du commerce, surtout en ce qui concerne l’emploi. Malgré des déclarations en juin 2024 sur son engagement en faveur de la production locale de contenu audiovisuel, Maxime Saada est resté vague quant aux impacts managériaux d’une potentielle fusion.
De plus, Canal+ n’a pas encore révélé l’identité de son futur partenaire pour se conformer aux exigences du Black Economic Empowerment, une politique visant à favoriser les entreprises ayant des actionnaires et employés noirs. Le 27 mars, Bloomberg avait rapporté des discussions entre Vincent Bolloré et le milliardaire sud-africain Patrice Motsepe, beau-frère du président Cyril Ramaphosa. Toutefois, Patrice Motsepe n’a pas confirmé l’existence d’un accord avec Canal+.