Le mois d’aout n’est pas des plus faciles dans la commune de Kandi, département de l’Alibori. Depuis le début du mois, l’on recense des cas de décès liés à la noyade. En quelques semaines, plusieurs individus ont perdu la vie au cours des activités ludiques, des parties de pêche ou juste pour des causes difficiles à élucider. Bien que ces victimes soient pour la plupart de jeunes adolescents, cela n’émeut pas les autorités communale et préfectorale. En tout cas, jusque-là, elles sont silencieuses et indifférentes face à la situation.
Les eaux de la commune de Kandi sont devenues depuis quelques semaines des mouroirs pour les jeunes. Nous sommes au nord-est du Bénin dans le département de l’Alibori à plus de 620 kilomètres de Cotonou.
Jeudi 6 aout, un jeune élève de 16 ans, en classe de 1ère C meurt dans un marigot appelé Guinin Béri à Damadi dans le premier arrondissement de Kandi. Selon les informations relayées par les médias locaux, le drame est survenu pendant que la victime nageait avec ses amis. Son corps est retrouvé dans les arbres de l’étang après des plusieurs fouilles. Quatre jours plus tard, le lundi 10 août, un pêcheur et un boucher disparaissent dans le fleuve alibori emportés par le courant. Les circonstances du décès ne sont pas clairement élucidées.
Mais les informations ont rapporté que le pêcheur, un autre adolescent était allé à la rescousse du boucher, quand sa pirogue a chaviré et les deux sont emportés par le cours d’eau. Jeudi 27 août 2020, dans l’après-midi, à 14 heures, Amadou et Imorou, 20 ans et 19 ans, meurent dans une autre rivière dénommée Kongou dans un petit village situé dans l’arrondissement Kandi 1. Après leurs travaux champêtres, les deux jeunes décident de plonger pour quelques minutes. C’était pour eux l’instant fatidique à en croire le seul témoin de la scène qui n’a pas pu les sauver a rapporté la radio locale, Kandi Fm.
S’il est vrai que le département de l’Alibori traverse actuellement la saison pluvieuse, l’on explique d’autant plus ces drames par la montée des eaux dans de la région. Au total cinq personnes ont perdu la vie en deux semaines dans des lieux différents dans la commune de Kandi. La cause principale: mort par noyade. Si tant est que la commune de Kandi possède plus d’une rivière en son sein, les autorités doivent prendre des dispositions pour prévenir d’éventuels risques de noyade des populations surtout les jeunes et les enfants. Le 17 aout dernier, le ministre de l’intérieur et de la sécurité publique Sacca Lafia a sonné l’alerte orange via un communiqué interdisant les activités sur les eaux de certaines localités du pays comme les villes de Malanville et de Karimama à cause justement des cas de morts liés à l’eau lors des activités de pêche ou de transport fluvio-lagunaires.
Cette mesure préventive prend en compte juste une catégorie de cours d’eau, les fleuves et les lagunes. Or, à Kandi comme il est démontré, les marigots font aussi des dégâts. Mais le communiqué ne prend pas en compte la commune de Kandi. En attendant que cette alerte ne passe au rouge comme annoncé, les autorités à divers niveaux dans l’Alibori en l’occurrence le Préfet Mouhamadou Moussa et le Maire de Kandi Alazi Osséni Zinatou doivent prendre des mesures idoines et urgentes afin d’épargner d’autres vies de noyade. Ces mesures peuvent commencer par une sensibilisation accrue des populations sur les dangers à monter sur l’eau pendant la période des pluies à défaut d’un déploiement des forces de sécurité pour des surveillances de routine sur les points d’eau les plus fréquentés. C’est le moment d’arrêter la saignée.
Farouk Dine MAMA SANNI