Mois de Ramadan et d’activité sportive, le fidèle musulman est partagé entre recommandation religieuse et devoir professionnel. Pendant 29 ou 30 jours que dure le jeûne, accomplir son devoir envers son employeur devient un supplice pour les sportifs qui se privent d’aliments du lever au coucher du soleil, alors qu’ils ont besoin d’être au meilleur de leur forme pour répondre sur l’aire de jeu. Dans ce reportage, nous allons au contact de la réalité du monde footballistique en cette période de privation diverses selon l’Islam.
Chaafih est un jeune joueur béninois âgé 24 ans, sociétaire des Buffles du Borgou, un club de football à Parakou au nord-bénin. Chaafih est un musulman. Depuis le début du jeûne musulman, il accomplit son devoir religieux, mais cela n’est pas sans difficulté sur son rendement sur le terrain. Depuis le début du jeûne, il est obligé de s’entraîner en étant en jeûne et cela malgré le climat pas favorable qui règne actuellement dans le nord du Bénin. « Pendant cette période de carême, nous nous entraînons étant en jeûne même si ce n’est pas facile avec le soleil et la chaleur, mais pour les jours de matchs, nous ne jeûnons pas ». nous confia-t-il. À cause du jeûne, il a du mal à s’impliquer pleinement dans les séances d’entraînement. «Arrivé à un moment, le corps ne tient plus », ajoute-t-il.
À Dynamo de Parakou football club, un club de la ligue professionnelle béninoise domicilié à Parakou au nord-bénin, Madjid, coach du dit club possède au sein de son équipe, plus de la majorité des joueurs qui pratiquent le jeûne musulman. L’équipe de Madjid est actuellement 7ᵉ à 02 points du dixième et dernier de la zone A-B de Ligue Pro Suite (Équivalent à la deuxième division). Chez lui, il a instauré une loi : Pas de jeûne 48 h avant les matchs. Compte tenu de sa position au classement, il a maintenu sa fréquence d’entraînement, mais réduit l’intensité et parfois la durée des séances. De deux heures de temps (02h), il a réduit la durée à une heure trente minutes (1h30) et de temps en temps à quarante-cinq minutes (45m), compte tenu de l’état de ses joueurs. « Quand, ils viennent (les joueurs…ndlr) aux séances d’entraînement, ils sont diminués physiquement et quand l’intensité devient forte, ils n’arrivent pas à suivre le rythme », nous a-t-il révélé. Cela a un impact sur le résultat, surtout quand l’adversaire ne comporte pas beaucoup de jeûneurs, ajoute Madjid.
Les conséquences du jeûne chez le sportif et les conseils d’une Kinésithérapeute…
L’une des principales conséquences directes du jeûne est la déshydratation, souligne Nadège Boni, Kinésithérapeute. Selon cette dernière, la déshydratation favorise de multiples blessures chez l’athlète. «La déshydratation favorise la blessure des tissus mous, des atteintes lombaires, des contusions, des plaies, des coupures, des entorses, les fractures, des déchirures musculaires ou encore des luxations». C’est pourquoi il est impératif de boire assez d’eau pour compenser la sueur qui est rejetée par l’organisme durant les entraînements et les compétitions. Ce qui n’est pas possible lorsque l’athlète jeûne.
L’autre conséquence notoire du jeûne chez l’athlète, c’est la crise d’hypoglycémie et la perte de force musculaire ainsi que d’endurance ajoute la kinésithérapeute, Nadage Boni. « C’est pourquoi, nous déconseillons le jeûne aux athlètes quand ils sont en compétition », dit-elle.
Afin d’amoindrir les risques, la kinésithérapeute conseille aux athlètes qui jeûnent de « boire deux verres d’eau avant et après chaque repas et aussi au couché et levé».Concernant le régime alimentaire de l’athlète en période de jeûne, elle conseille : les fruits riches en eau (les mellons, les pastèques, le lait, les thés) ; les glucides (Le pain, les flocons d’avoine avec du lait, du beurre de cacahuète), des fruits secs et oléagineux (noix d’amande, la noix de coco), les viandes blanches (la viande de dinde, la viande de pintade, la viande de poulet, sans oublier les œufs. Elle déconseille les viandes rouges (le bœuf, le porc, le vœu, le chèvre …, Ndlr).
Les solutions qu’offre l’islam à l’athlète…
Prenant l’exemple d’un footballeur, l’Imam Harissou Zakari de la mosquée centrale de Djadjo explique que le football n’est pas une excuse valable pour ne pas jeûner. Mais une solution à l’endroit des athlètes en compétition, l’islam n’en manque pas.
« Si un sportif sait qu’il peut jeûner et faire du sport, il n’y a pas de problème. Mais dans le cas contraire, soit il reporte son activité sportive et il jeûne pour ensuite continuer le sport après le mois de ramadan. Si l’activité sportive est une contrainte absolue, il peut laisser le jeûne et faire son activité sportive et après, il remboursera les jours ratés », conseille l’imam.