C’est fini. Assan Seibou n’a pas pu convaincre son propre camp de la nécessité de réviser la constitution béninoise. Avec 71 voix pour, 35 contre et deux abstentions l’initiative du président du groupe parlementaire Bloc républicain de retoucher la loi fondamentale a reçu, aux premières heures de ce samedi 02 mars un échec retentissant au parlement.
D’où lui venait cette assurance de foncer vaille que vaille à la révision constitutionnelle malgré la grogne populaire ? Assan Seibou affichait une posture d’avoir tout au moins l’approbation de ses pairs de la mouvance et même de réussir à débaucher d’éventuels dissidents du parti d’opposition Les Démocrates. Mais erreur. Cette sérénité n’était que de façade. L’élu de la 14e circonscription électorale vient d’être stoppés par la minorité parlementaire avec 7 autres députés de son camp. Tout ça pour ça ? Est-on tenté de dire. Avec la neuvième législature au sein de laquelle siège désormais l’opposition, le temps semble révolu pour un parlement où l’ensemble des députés votent des lois sans grand débat.
Les soutiens de Patrice Talon peuvent redouter désormais que le contexte n’est plus le même. S’il a été aisé pour eux de faire de l’assemblée nationale un passoire de l’exécutif, l’opinion assiste à un renversement de l’image au palais des gouverneurs. A l’opposé de 2019 où au milieu de la nuit, ils ont unanimement voté leur texte qui semble leur créer de problèmes depuis peu, les révisionnistes repartent de l’hémicycle, la queue entre les jambes. Se croyaient-ils encore dans un parlement sans la minorité de blocage ? Se trompaient-ils d’époque ou de sujet ? En tout cas, le suppléant d’Abdoulaye Bio Tchané doit se rendre à l’évidence que Les Démocrates participent désormais au débat parlementaire et que la révision de constitution requiert le taux de 3/4 des parlementaires, contrairement à une loi ordinaire.
L’aventurisme politique du cadre de Copargo vient de connaître un épilogue lamentable. Au-delà d’une désillusion pour lui et l’ensemble de mouvance présidentielle, cela sonne comme le début d’un naufrage politique pour plusieurs.