La communauté africaine célèbre ce 1er mars 2024, la 9e Journée africaine de l’alimentation scolaire (JAAS) dont le thème est : « Investir dans l’alimentation scolaire basée sur la production locale afin de transformer les systèmes éducatifs – pour un avenir inclusif et prospère en Afrique ». Dans l’interview qui suit, le Représentant Résident du Programme alimentaire mondial (PAM) au Bénin, Ali Ouattara, revient sur ce thème dont il relève l’importance. Ali Ouattara parle aussi du Programme national d’alimentation scolaire intégré (PNASI)et explique comment ce programme béninois contribue à la vision africaine de développer une alimentation scolaire basée sur la production locale, et surtout comment il renforce l’économie locale.
Cette année, le thème pour la célébration de la JAAS est « Investir dans l’alimentation scolaire basée sur la production locale afin de transformer les systèmes éducatifs – pour un avenir inclusif et prospère en Afrique ». Que comprendre par ce thème?
Comme vous le savez, l’alimentation scolaire constitue un investissement dans le capital humain. Chaque dollar investi peut rapporter jusqu’à neuf (9) dollars dans le domaine de l’alimentation scolaire. C’est pour cela que l’Union africaine a décidé de décréter une journée, le 1er mars de chaque année, pour l’alimentation scolaire. Le thème choisi pour la célébration de cette année est basée sur la production locale. Pourquoi la production locale ? Nous avons des habitudes alimentaires qui sont propres à chaque pays et c’est aussi important de s’assurer que les produits que nous livrons aux écoles correspondent aussi aux habitudes alimentaires des populations. C’est un premier élément. Le deuxième élément concerne l’utilisation de la production locale comme base d’alimentation scolaire ; l’alimentation scolaire demande suffisamment de stocks, on contribue aussi à développer la production locale, à renforcer l’économie locale et à apporter un appui aux producteurs locaux, ce qui constitue aussi un facteur de développement économique du pays. En ce sens, on développe le système éducatif, on renforce la production locale, on renforce l’économie locale et le tout constitue un gain global qui permet aussi d’avoir des synergies pour apporter un impact significatif sur l’économie locale. Je pense que ce thème vient à point nommé lorsqu’on considère le cadre global au niveau de l’Afrique et particulièrement celui du Bénin.
Pourquoi l’accent est-il mis cette année sur une alimentation scolaire basée sur la production locale ?
Nous avons eu différents thèmes et nous avons constaté que les expériences menées dans certains pays, notamment si je prends le cas particulier du Bénin, ont permis de renforcer la contribution de la production locale dans l’approvisionnement des cantines scolaires. Il y a lieu encore de le renforcer davantage et cette journée donnera l’occasion aux différents acteurs d’échanger sur les expériences qu’ils ont dans leurs pays afin de pouvoir apporter une meilleure contribution de la production locale dans l’alimentation scolaire. Pour le cas spécifique du Bénin où le gouvernement accorde une place de choix à la question de l’alimentation scolaire en y apportant un budget vraiment très consistant pour la mise en œuvre de l’activité qui est confiée au Programme alimentaire mondial, la production locale joue une part très importante dans ce vaste programme. Les chiffres sont assez illustratifs. Lorsque nous prenons les achats directs auprès des petits producteurs, nous avons en 2021 acheté 300 tonnes seulement parce que c’était la première année de démarrage des achats. En 2022, de 300 tonnes nous sommes passés à 901 tonnes soit trois fois plus et en 2023, de 901 tonnes on est passé jusqu’à 7622 tonnes. C’est un bond significatif qui apporte aussi du boom dans les affaires des petits producteurs. Ces 7622 tonnes ne prennent pas en compte les achats que nous avons effectué auprès des commerçants locaux qui, eux, aussi achètent les vivres auprès des petits producteurs. Quand on met tout cela ensemble, nous avons acheté presque 30000 tonnes de productions locales qui dépassent largement le volume que nous avons acheté de l’extérieur et qui a rapporté autour de 11 354 000 dollars à l’économie locale. C’est ce qui traduit l’importance de ce thème.
En quoi le PNASI du Bénin contribue-t-il à la vision de transformation du système éducatif ?
Quand vous prenez la question de l’alimentation scolaire, il y a deux composantes essentielles : l’aspect relatif à la sécurité alimentaire, et celui de la contribution à l’alimentation des enfants y compris l’amélioration des indicateurs scolaires. Lorsqu’il y a une mise en œuvre efficace d’un programme d’alimentation scolaire, vous avez systématiquement une augmentation du taux de fréquentation, une réduction des taux d’abandon, une meilleure concentration des élèves sans oublier ce que cela apporte comme développement du coefficient intellectuel des enfants lorsque les produits fournis sont de qualité nutritive. Cela à un double avantage sur le plan de l’alimentation, de la sécurité alimentaire mais également de l’amélioration des résultats scolaires. En ce sens, cela contribue à améliorer le système éducatif.