La consommation de la drogue est l’une des modes en vogue en Afrique et depuis quelques années au sein de la population béninoise. Il y a quelques temps de cela, le Bénin est devenu une des plaques tournantes de la consommation de stupéfiants aussi dangereuses, les unes que les autres. A Parakou, l’une d’elles attire l’attention par sa caractéristique, son prix et l’usage que les jeunes parakois en font. Il s’agit de la méthamphétamine connue sous le nom de «tôni», ou «cailloux» en langue locale Dendi. Enquête.
C’est une matière synthétisée principalement à partir de substances chimiques. Un décongestionnant nasal en vente illégalement dans le pays. Elle pose un réel problème de santé publique dans certains pays par la dépendance qu’elle induit et ses effets délétères sur la santé. Elle provoque, entre autres, comme l’amphétamine dont elle est extrêmement proche, une hypertension artérielle, une accélération du rythme des battements du cœur et une intense stimulation mentale. Ses effets à long terme peuvent être dévastateurs. Pire, la méthamphétamine se présente sous une forme solide cristalline d’où ses nombreuses dénominations comme par exemple «tôni», en langue dendi. Incolore et inodore, elle peut ressembler à du verre pilé ou de la glace en morceaux d’où son appellation «ice» chez les anglo-saxons.
Elle se consomme généralement fumée avec des papiers spéciaux, avec une pipe ou prisée comme le tabac africain, broyée et mise en poudre.
D’après nos recherches, cette drogue était légalisée et commercialisée comme un médicament aux États-Unis pour divers problèmes médicaux, allant de l’obésité à la dépression. Mais depuis 1970, elle fut classée dans le rang des stupéfiants. Sa consommation s’est développée à partir de la Corée et des Philippines sur la côte ouest des États-Unis vers 1985, puis la côte Est, au cours des années 1990. Au début des années 2000, l’ice, le Crystal ou tôni a fait son apparition sur le marché des drogues dans le reste de l’Europe. Aujourd’hui, cette méthamphétamine est fabriquée à partir de divers médicaments. On estimait en 2002 qu’environ 80 % de la méthamphétamine produite dans le sud-est de l’Asie provenaient de producteurs installés à la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie. Au Bénin, on estime, selon nos informations sa venue au milieu des années 2000 et provient surtout des villes du Sud et des côtes frontières du pays. A ce jour, elle constitue le sport favori des jeunes dans la ville de Parakou.
*Usage, effets et conséquences*
La méthamphétamine ou tôni est un stimulant dopant, ce qui provoque une grande agitation et un débordement énergétique. Elle possède une pharmacologie comparable à celle de l’amphétamine, mais reste plus puissante, croient certains. Elle exerce une influence particulièrement grande sur le système immunitaire, ce qui explique pourquoi elle provoque une grande dépendance chez les jeunes parakois, surtout dans le milieu des hors la loi et des divorcés sociaux. Elle augmente également la libération de sérotonine (muqueuse superficielle de l’utérus en contact avec le placenta) chez les femmes, mais ne semble pas agir par ce biais sur l’agressivité chez l’humain.
« Tôni » est une drogue puissante et récréative chez les jeunes béninois de Cotonou à Parakou. Sa consommation vise surtout chez ses consommateurs : la confiance en soi décuplée, la stimulation de la vigilance, la diminution de la fatigue et la faim, l’euphorie, la stimulation mentale, la stimulation de la libido, le retard à l’éjaculation.
Abusée, elle provoque des effets secondaires qui ne sont pas moins dangereux pour la population encore moins pour son consommateur.
En effet, la méthamphétamine ou tôni augmente l’anxiété, l’agitation, la diminution de la concentration. Elle provoque une importante perte de poids, des inflammations de la peau, la déshydratation, des lésions et la destruction sévère des dents et de la cavité buccale.
Selon nos informations, cette drogue à long terme provoque en cas d’addiction des hallucinations, délires, paranoïa , comportements violents, la dépression, les troubles du sommeil (trois, quatre jours sans dormir), trouble de la circulation sanguine et chez les femmes un dérèglement du cycle menstruel.
Les effets de la prise de méthamphétamine durent en moyenne 08 à 24 heures et son effet se fait encore sentir dans le corps pendant au moins trois jours. Un usage répété peut entraîner une dépendance. Une dépendance psychologique apparaît rapidement ; il n’est cependant pas prouvé qu’une prise unique puisse créer une dépendance.
La méthamphétamine a également été commercialisée sous diverses formes dont le Desoxyn, qui se présente sous forme de comprimés colorés et sucrés. Un seul petit grain coûte en moyenne, selon les consommateurs dans la ville de Parakou, la somme de 1 000 ou 2 000 francs selon le nombre qu’il est consommé directement chez son vendeur. << C’est le code dans notre milieu >>, clame un consommateur.
De nos nombreuses relances et observations, à notre immersion, il est dit que les grossistes de cette drogue se trouvent surtout à Cotonou, Lomé et chez des vendeurs nigériens qui en sont des férus de ça aussi. «Un petit caillou de ce truc peut de rapporter plusieurs centaines de mille à la revente au détail», avoue un des commerçants sous anonymat.
Farouk Dine MAMA SANNI