Après le limogeage du premier ministre, Patrick Achi, le 16 octobre, et du secrétaire général de la présidence, Abdourahmane Cissé, le 30 novembre, le chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara, continue ses grandes manœuvres. Son action devrait désormais s’élargir à une poignée de structures publiques de premier plan.
Parmi celles-ci figure l’Agence comptable centrale du Trésor (ACCT), dont le directeur général, Ali Kader Coulibaly, se retrouve plus que jamais fragilisé. Grand argentier du pays, ce dernier est en poste depuis plus de dix ans. Il est par ailleurs maire de la ville de M’Bengué, dans le Nord, et membre du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Sa mise à l’écart pourrait être officialisée par Alassane Ouattara d’ici à la mi-décembre.
Autre structure publique concernée par les mouvements en cours, la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), dirigée depuis 2013 par Denis Charles Kouassi. Ce dernier devrait ainsi être invité à quitter son poste dans les tout prochains jours. À l’instar de l’ACCT, la CNPS est un organisme clé de l’État ivoirien. Elle figure par ailleurs parmi les actionnaires de la Banque internationale pour le commerce et l’industrie de Côte d’Ivoire (Bicici), ex-filiale du groupe français BNP Paribas en Côte d’Ivoire.
Marginalisé
À la suite du départ d’Abdourahmane Cissé, Fidèle Sarassoro, directeur de cabinet du chef de l’État, devrait assurer l’intérim. Si le limogeage du Secrétaire général de la présidence n’a été officialisé que le 30 novembre, la décision a en réalité été actée dès la fin du mois d’octobre par le chef de l’État ivoirien (AI du 07/11/23).
En coulisses, ses relations avec Alassane Ouattara s’étaient particulièrement distendues ces derniers mois. Le technocrate se retrouvait marginalisé sur plusieurs dossiers stratégiques face à la secrétaire générale adjointe de la présidence et nièce du chef de l’État, Masséré Touré Koné, et Fidèle Sarassoro. Depuis plusieurs mois, il était cantonné à des dossiers administratifs et n’avait pas la main sur les sujets liés aux finances et au budget de souveraineté, domaine réservé de Massere Toure Koné. Pas plus qu’à ceux relatifs à la diplomatie et à la défense, concentrés dans les mains de Fidèle Sarossoro.
Dans le collimateur du président ivoirien, Cissé avait fait part, dès le mois de septembre, de son souhait de quitter son poste. Mais à de rares exceptions près, Alassane Ouattara refuse systématiquement les démissions, se réservant le soin de mettre lui-même fin aux fonctions de ses collaborateurs.
L’étoile d’Abdourahmane Cissé a également largement pâli ces dernières semaines face à la montée en puissance du vice-président, Tiemoko Myeliet Koné. Le désormais ex-secrétaire général de la présidence projette de quitter Abidjan pour s’installer à Londres, avec sa famille. Il a dans ce cadre rejoint la capitale britannique dans la soirée du 1er décembre. Une ville qu’il connaît bien. Il y a opéré au sein de la branche britannique de la banque d’affaires Goldman Sachs, au début des années 2000.
Source : Africa Intelligence