Mohammed VI et Emmanuel Macron accélèrent le dégel de l’axe Rabat-Paris.Après une année marquée par des relations glaciales, la France et le Maroc multiplient les signes d’ouvertures. Après une discrète mission du Quai d’Orsay à Rabat, début novembre, une délégation du ministère français de l’intérieur doit se rendre prochainement dans la capitale.
Emmanuel Macron et le roi du Maroc Mohammed VI se rendent à pied au bateau “Mirage”, sur l’île Seguin, près de Paris, lors du One Planet Summit, le 12 décembre 2017.
Emmanuel Macron et le roi du Maroc Mohammed VI se rendent à pied au bateau “Mirage”, sur l’île Seguin, près de Paris, lors du One Planet Summit, le 12 décembre 2017. ©Eliot Blondet/ABACAPRESS.COM via Reuters
Une délégation du ministère français de l’intérieur est attendue à Rabat d’ici à la fin du mois de décembre. Elle doit s’entretenir avec les équipes du ministre marocain de l’intérieur, Abdelouafi Laftit, au sujet de la relance de la coopération sur les questions migratoires. Les échanges devraient néanmoins se limiter au niveau technique. Le ministre Gérald Darmanin, qui a récemment rendu visite au président algérien Abdelmadjid Tebboune, ne devrait pas faire le déplacement.
Avant celle de la Place Beauvau, une mission du Quai d’Orsay s’est déjà rendue début novembre à Rabat. La délégation comptait dans ses rangs Anne Grillo, directrice Afrique du Nord et Moyen-Orient, Diego Colas, directeur des affaires juridiques, et Béatrice Le Fraper du Hellen, directrice du département chargé des Nations unies.
Froid polaire
La “Mme Afrique du Nord” du Quai d’Orsay a été reçue par le chef de la diplomatie marocaine en personne, Nasser Bourita. Anne Grillo a côtoyé ce dernier, alors qu’il était chef du cabinet du ministre des affaires étrangères Taieb Fassi-Fihri (2007-2012) et qu’elle était deuxième conseillère à l’ambassade de France à Rabat (2006-2010). Rien n’a filtré de leur rencontre. La visite, qui s’est déroulée dans un climat cordial, visait avant tout à relancer les contacts officiels entre Paris et Rabat, après plusieurs mois d’un froid polaire (AI du 21/03/23). De son côté, Béatrice Le Fraper du Hellen s’est entretenue avec son homologue du ministère marocain des affaires étrangères, Redouane Houssaini.
Mi-novembre, c’est le directeur de l’ Agence française de développement (AFD), Rémy Rioux, qui a échangé avec Nasser Bourita ainsi qu’avec le ministre de l’équipement et de l’eau, Nizar Baraka, et celle de l’économie et des finances, Nadia Fettah Alaoui.
Visite officielle
Ce dégel progressif des relations entre Paris et Rabat a été facilité par un échange direct entre l’Elysée et le Palais royal, à la fin de l’été. Pour autant, les deux pays se montrent encore prudents au sujet d’une hypothétique visite officielle d’Emmanuel Macron à Rabat. Prévue initialement il y a près d’un an, elle a été sans cesse repoussée, jusqu’à être suspendue.
Fin octobre, le président français s’est brièvement entretenu avec le ministre délégué marocain chargé de l’administration de la défense nationale, Abdellatif Loudiyi, à Bastia, à l’occasion des 80 ans de la libération de la Corse. Cette visite était programmée de longue date.
Sahara occidental
Dans le même temps, le représentant permanent de la France auprès des Nations unies, Nicolas de Rivière, a réaffirmé, lors du renouvellement fin octobre du mandat de la mission pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental ( Minurso), “le soutien historique, clair et constant de la France au plan d’autonomie marocain” sur ce territoire. Un message reçu avec satisfaction par le Maroc. En coulisses, l’ambassadeur français à Rabat, Christophe Lecourtier (AI du 03/02/23), avait activement plaidé pendant plusieurs semaines pour une déclaration franche en ce sens. Il a d’ailleurs lui-même réaffirmé ce soutien mi-novembre, sur la chaîne nationale 2M.
Après une première année pour le moins délicate, Christophe Lecourtier, qui a fait personnellement les frais de la spectaculaire détérioration des relations entre Paris et Rabat, renoue le contact avec les officiels marocains depuis le milieu du mois d’août. Un réchauffement inauguré par un entretien par téléphone avec Nasser Bourita (AI du 05/09/23).
De son côté, Rabat a nommé, le 19 octobre, une nouvelle ambassadrice à Paris en la personne de l’ancienne journaliste et communicante franco-marocaine, Samira Sitail. Le poste était vacant depuis janvier 2023.
Jihâd Gillon