L’espace culturel médiatique béninois s’enrichit. Il vient d’enregistrer une nouvelle production culturelle. Il s’agit de Gnonkogui, un documentaire qui révèle la reine mère, dont il porte le nom en milieu bariba, un peuple plein d’histoires culturelles d’une immensité incommensurable bâties et entretenues sur la mémoire pendant plus de six siècles, résistant ainsi aux chocs des civilisations exogènes.
Gaston Yamaro, Journaliste béninois, spécialiste des sujets culturels et Directeur de la Radio culturelle Deeman FM est l’auteur de ce film départi de toute fiction, restituant ainsi les réalités endogènes du milieu bariba.
Dans un voyage virtuel d’investigation culturelle, Gaston Yamaro met en lumière le rôle de la Gnonkogui et démontre que <<c’est par méconnaissance de nos sociétés que beaucoup en disent que ce sont des sociétés patriarcales[…], les femmes sont des esclaves>>. Le documentariste dans un entretien accordé à Leparakois bat en brèche toutes les assertions présentant un cliché d’inconfort de la gente féminine en Afrique.
Le rôle de Gnonkogui, ses relations avec l’empereur, l’organisation atypique et politique des Wassangari, autant d’aspects restitués dans l’investigation ”gnonkogui” qui, de ce fait lève un coin sur la place de la femme dans la société batonnu et son organisation politique, longtemps méconnue par beaucoup.
Garante de l’aspect spirituel de l’empire et arbitre des conflits féminins, Gnonkogui fait partie du collège électoral qui désigne l’empereur. Elle est la détentrice de l’état civil, qui compte et authentifie les citoyens de l’empire à travers le rasage. <<Vous avez beau être de l’aile d’une lignée princière prestigieuse, si la gnonkogui ne vous rase pas et ne vous donne pas de baptême, vous ne pouvez pas franchir les étapes qui vont vous amener à être un jour souverain ou même empereur>>, clarifie l’investigateur culturel qui ajoute que c’est Gnonkogui <<qui donne des titres nobiliaires au sein de l’empire>>.
En somme, Gnonkogui est la deuxième personnalité et la deuxième autorité de l’État dans l’organisation politique Wassangari, notamment dans l’empire de Nikki. Cela prouve à suffisance que la gente féminine occupe une place importante dans la pyramide architecturale des sociétés africaines autour desquelles se sont développées plusieurs théories étrangères faisant état d’une marginalisation du sexe féminin au sein des peuples noirs.
Aussi peut-on découvrir dans cette restitution culturelle que la Gnonkogui organise sa Gaani. Surprenant que cela puisse paraître pour beaucoup, la reine mère Gnonkogui organise aussi sa Gaani. Cette fête annuelle identitaire de l’ère culturelle Batonnu et Boo intervient une semaine avant celle de l’empereur. Et, <<à cette Gaani, l’empereur a l’obligation d’y participer>>.
Riche en images réelles et en son, loin d’une fiction, le film ”Gnonkogui” de Gaton Yamaro est la première réalisation culturelle sur la reine mère de l’empire de Nikki, au Nord du Bénin. Aucun ouvrage ni autre documentaire ne porte sur cette personnalité politique féminine.
Loukoumane WOROU TCHEHOU