C’est une affaire qui commence à défrayer la chronique dans la commune de Tchaourou. Il s’agit de la disparition pour le moins mystérieuse d’un éleveur de ruminants. Bouba Mamadou pour ne pas citer son nom, est introuvable depuis plus d’un mois après être gardé à vue pendant plusieurs heures puis libéré par le commissaire de l’arrondissement de Bétérou. Sans nouvelles de son fils, la maman saisit les organisations de défense des droits de l’homme ainsi que la justice.
La famille de Bouba Mamadou est dans l’angoisse totale depuis le 30 juin 2023, date à laquelle il a quitté la maison. Aucun signe de vie, aucun coup de fil et pas la moindre trace de ce bouvier, la trentaine environs. Mais par où a-t-il pris, où est-il passé depuis sa Supposée libération du commissariat de Bétérou, qu’est ce qui a bien pu se passer pour que depuis plus d’un moismoins, personne ne soit en mesure de donner les nouvelles sur cet homme ?
Récit des faits.
Bouba Mamadou était parti acheter un bélier au marché de Kaki-Koka, un village de l’arrondissement de Bétérou dans la commune de Tchaourou, le vendredi, 30 juin 2023 pour le baptême de son neveu. Mais à sa surprise, il fut arrêté autour de 11 heures, lui et son ami Alou Sambo ainsi que deux des parents de ce dernier par le commissaire de Bétérou. Le Commissaire de première classe Assouma OROU KPOKI puisque c’est de lui qu’il s’agit après avoir écouté brièvement les deux parents va les libérer immédiatement. Par contre, il place Bouba et son ami en garde à vue avant d’écouter le premier cité sur procès-verbal un peu plus tard dans la soirée. Sans preuves tangibles sur les soupçons de braqueurs qui pèsent sur Bouba, il aurait décidé de les libérer, confie la maman de la victime, Maimouna Djobo. « Arrivés au commissariat, mon fils et son ami Alou ont été mis dans différentes cellules mais les parents d’Alou auraient été libérés après quelques minutes. Le soir vers 20 heures, Alou a été libéré seul après son audition. Ainsi, il est rentré vers 22 heures au village et c’est en ce moment que j’ai été informé de l’arrestation de mon fils » relate-t-elle. Inquiète, la maman s’est rendue le lendemain au commissariat de Bétérou où elle a été accueillie par des propos blessants : « L’un des policiers m’a dit pourquoi je cherche un fils braqueur et que de rentrer chez moi » confie-t-elle. Cependant le commissaire a quand même eu l’amabilité de l’informer qu’il aurait libéré Bouba le même jour après 19 heures sans sa moto et qu’il ne connait plus sa position, une thèse que Alou déclare n’en est pas très sure. Pour la pauvre dame : « c’est le commissaire qui a pris mon fils, il doit me retourner mon fils ».
Bouba introuvable depuis le 30 juin 2023, la famille saisit la CBDH, l’ODHP et la justice.
La maman de Bouba tient absolument à retrouver son fils et la situation commence d’ailleurs à déteindre sur sa santé, elle qui est une personne du troisième âge. Elle a donc saisi deux organisations de défense des droits de l’homme : la Commission Béninoise des Droits de l’Homme (CBDH) à travers sa représentation dans le Borgou et l’Alibori et l’Organisation de Défense des Droits de l’Homme (ODHP) section départementale du Borgou. Les deux organisations mènent actuellement des enquêtes sur le terrain pour élucider cette affaire. Mais Maimouna Djobo ne s’est pas arrêtée là. Elle aurait aussi déposé une plainte contre le commissaire de Bétérou auprès du Procureur Général de la Cour d’Appel de Parakou et une autre auprès du Procureur de la République près le Tribunal de première et de première classe de Parakou. Dans ces plaintes dont nous avons eu copie, elle déclare : « Monsieur le Procureur, je vous avoue que le commissaire de Bétérou n’a pas permis à mon enfant d’appeler un membre de sa famille pour signaler son arrestation. Il est important de rappeler que dans nos conversations, le commissaire m’a dit que c’est quelqu’un qui l’aurait appelé pour lui dire que mon fils serait membre d’un groupe de braqueurs qui a opéré dans un village de l’arrondissement de Biro, commune de Nikki, alors que lui-même avait été victime d’un braquage à Biro. D’après le portrait fait par le commissaire, l’informateur est Soumanou Dogo, un ancien ami de mon fils Bouba avec qui il avait eu des antécédents concernant une moto. » Comprenez donc que dans cette affaire, celui qui a filé l’information au commissaire Assouma Orou Kpoki aurait des antécédents avec Bouba Mamadou. Plus loin Soumanou Dogo et son groupe ont des différends liés à un troupeau de bœufs avec Bouba. Ils commenceraient même à menacer la famille de Bouba restée à Badékparou, un village de l’arrondissement de Tchatchou.
La version du Commissaire
Joint par nos confrères de “Ducoin Info” dans la soirée du lundi 07 Août 2023 le commissaire a donné sa version des faits et évoqué les démarches en cours pour retrouver le jeune disparu. « Le dossier de Bouba est rempli d’incompréhensions. Ses parents sont venus me parler de sa disparition et j’ai dit ce qui s’est passé. Ce jour là, après les avoir écoutés et quand j’ai constaté la confusion sur l’identité, j’ai fait le procès pour ordonner sa libération. Pour récupérer sa moto, il devrait rentrer chercher les papiers et dans la cour du commissariat, il fait un appel quand on a libéré son ami avec qui il a été arrêté. Ce dernier a une vieille moto donc pas besoin de papier forcément pour le lui rendre. C’est après que ce dernier nous demande d’après lui et on lui a répondu qu’il était au dehors, faisant un appel. Mais après que les parents nous ont porté l’information de sa disparition, nous avons commencé les enquêtes afin de le retrouver. Dans nos investigations, il ressort qu’il a été tout récemment victime d’un braquage alors qu’il a quitté un commissariat de Parakou où il est allé assister un beau-frère qui lui aussi avait été victime de braquage. Donc on peut déjà se demander s’il a été braqué pour avoir assisté son beau-frère ? Et quelques temps après le braquage, il conduit une nouvelle moto. Si ce sont les commanditaires du premier braquage le suivaient, on se demande si ces derniers ne sont pas allés à la vitesse supérieure pour dire que maintenant qu’il a acheté une nouvelle moto, lui même là, enlevons-le ? Il y a toutes ces questions qu’on peut se poser. Pour moi c’est une malheureuse coïncidence par rapport à la vérification d’identité. Sinon ce qui lui ai arrivé pouvait arriver vue les antécédents que nous avons pu avoir dans les investigations. Nous avons reçu des ordres de notre hiérarchie et nous mettons tout en œuvre pour le retrouver. » a rassuré le commissaire de Bétérou Assouma Orou Kpoki, selon le média.
Suspicions sur cette disparition.
L’enquête n’est qu’à son début mais le temps qui s’est écoulé depuis la disparition de Bouba et les différents récits de sa famille, des questions se posent aujourd’hui et conduisent à plusieurs hypothèses. Soit Bouba Mamadou a été effectivement libéré par le commissaire de Bétérou mais lors de son retour à la maison il aurait été enlevé par ceux qui lui ont filé ; soit la police se basant sur les informations reçues sur l’homme décide de l’exécuter pour ainsi éliminer un supposé briguant. L’autre hypothèse qui semble peu probable est celle selon laquelle Bouba est toujours en vie mais pour sa sécurité décide de rester caché. Cette hypothèse est d’autant plus impensable que la mère de Bouba révèle que dans les coulisses ceux qui ont filé l’information à la police disent que Bouba est déjà mort et qu’elle ferait mieux d’aller se reposer. Pour l’heure, toutes ses hypothèses sont à prendre avec beaucoup de pincettes en attendant l’aboutissement des enquêtes déjà en cours.
Rédaction