On peut se faire de l’argent à l’approche de Tabaski sans être vendeur de moutons ou de bœufs. Nassirou et Assad, deux jeunes parakois, en sont la preuve. On fait un gros plan sur leur activité de circonstance qui leur profite bien.
Mardi 20 juin 2023. Il est 10 h 50. Assis sur une moto, Nassirou et Assad viennent d’arriver au « marché de moutons » à bord d’une moto. Ce marché érigé pour la vente des moutons de Tabaski s’anime une fois dans l’année. Il est situé près de l’autogare de Tchaourou à Parakou. C’est vers la sortie sud de la ville. Sur leur engin à trois roues communément appelé tricycle au Bénin, ils ont transporté plusieurs sacs de foin fait à base de résidus de manioc et de soja. Les deux amis viennent de se garer au milieu de plusieurs moutons. Ceux-ci sont attachés par groupuscules autour des mangeoires. A leur arrivée, Nassirou et Assad saluent quelques amis puis se mettent à installer leur marchandise : le foin, nourriture indispensable pour l’alimentation des bêtes.
Nassirou 32 ans a porté un maillot vert des Buffles du Borgou et un pantalon noir. Son ami Assad, 29 ans, a porté une chemise lacoste noire, un jean et un chapeau noir et rouge. Tous deux ont un petit sac en bandoulière. Nassirou est titulaire d’une Licence en Géographie. Assad, lui, n’a que le CEP. Chaque année, à l’approche de la fête de Tabaski, ces deux jeunes vont dans ce marché depuis pour vendre leur foin « fait maison » aux vendeurs de moutons. La majorité de ces vendeurs de moutons sont venus des pays voisins du Bénin comme le Niger et le Burkina Faso. C’est avec ce foin qu’ils nourrissent les animaux qu’ils sont venus vendre dans ce marché saisonnier.
Nos deux vendeurs de foin expliquent comment ils s’y prennent pour ne jamais rater cette occasion de se faire de l’argent sans vendre de moutons. « On achète les déchets de manioc et de soja qu’on stocke bien avant la Tabaski et c’est ça qu’on revend maintenant aux vendeurs de moutons. », confie Nassirou. « Chaque jour, nous venons ici avec environ 15 sacs de foins et nous vendons environs 9 sacs par jour.», dit Assad, satisfait de faire de bonnes affaires à quelques jours de la fête.
Un sac de foin de manioc est vendu à 4000 f. Le sac de foin fait à base de soja coûte 3000 f. Un prix assez abordable pour les vendeurs de moutons qui s’arrachent ces sacs de foins. « Les moutons aiment ça (les foins de manioc et soja) », témoigne Adamou, un vendeur de moutons venu du Niger. Selon lui, se rabattre sur ces sacs de foins est devenu une obligation pour eux vendeurs de moutons étrangers. « Comme on est loin de chez nous, on est obligé d’acheter à ce prix pour nourrir nos animaux en attendant de les vendre », justifiera-t-il, résigné.
Grâce à ce commerce permet à Nassirou et Assad ont pu bien fêter à chaque fête de tabaski. « L’année passée, par exemple, c’est grâce à ça que j’ai acheté mon mouton pour la Tabaski », déclare Assad tout confiant.
La Tabaski est la deuxième fête musulmane la plus importante. Elle consiste pour le fidèle musulman à immoler un mouton 70 jours après la fête de Ramadan. Cette année elle est prévue pour le mercredi 28 juin 2023.
Célin Orou Dossoumon