Ils ne sont pas prêts à démordre. Engagés contre la configuration actuelle de la cour constitutionnelle au sein de laquelle l’opposition n’est pas représentée, les ténors du parti Les Démocrates ne désarment pas. A travers une déclaration lue ce dimanche 11 juin 2023 au siège du parti à Parakou, ils ont une fois encore clamé leur désapprobation sur la septième mandature de la haute juridiction qui vient d’être installée le 8 juin dernier par le Chef de l’État Patrice Talon. Au cours de la séance qui a connu la présence des députés Habibou Woroucoubou, Raouf Sariki et Viviane Tama ainsi que des responsables du parti au niveau départemental, il est annoncé une série d’actions pour se faire se faire entendre.
Lire l’intégralité de la déclaration lu par l’honorable Habib Woroucoubou.
CONFERENCE DE PRESSE DES DEPUTES DE LA 8EME CIRCONSCRIPTION ELECTORALE
Chers collègues députés, Chers responsables à divers niveaux du parti LesDémocrates,Population de Parakou,Chers militants du parti Les démocrates,Chers amis des médias et de la presse,Mesdames et messieurs,Le mardi 6 juin 2023, le peuple béninois a assisté, tout stupéfait, à l’installation au palais de la présidence, de la nouvelle cour constitutionnelle 7ème mandature en présence du chef de l’Etat et du bureau de l’Assemblée Nationale. L’installation de cette cour a eu lieu malgré la vive protestation levée par le parti les Démocrates, à travers son point de presse organisé le vendredi 26 mai 2023 à son siège à Cotonou relativement à la supposée désignation des nouveaux membres de la cour constitutionnelle. Ce point de presse avait dénoncé la méthode et la démarche cavalière qui ont conduit à la désignation des quatre (4) personnalités devant siéger à la cour constitutionnelle pour le compte du bureau de l’Assemblée Nationale.
En effet, le bureau de l’Assemblée Nationale étant composé de la majorité regroupant les partis de l’Union Progressiste le Renouveau (UP-R) et du Bloc Républicain (BR), puis de la minorité représentée par le parti Les Démocrates (LD), il apparait incompréhensible voire inadmissible, dans un système démocratique, de constater que la désignation des quatre (4) juges pour le compte du bureau de l’Assemblée Nationale soit le fait uniquement des deux partis de la majorité (UP-R et BR) au détriment du parti de la minorité Les Démocrates (LD). Pourtant, le parti Les Démocrates est représenté à l’Assemblée Nationale avec 28 députés et au bureau de l’Assemblée Nationale par un de ses membres occupant le poste de deuxième Vice-président en la personne de Comlan Basile AHOSSI. Ce faisant, conformément à l’article 115 de la constitution qui dispose que « la cour constitutionnelle est composée de sept (7) membres dont quatre (4) sont nommés par le bureau de l’Assemblée Nationale et trois (3) par le Président de la République pour un mandat de 5 ans renouvelable une seule fois », le Président de République (Patrice Talon) et le bureau de l’Assemblée Nationale ont mis en place une cour constitutionnelle monocolore dont la caractéristique est que tous les juges désignés appartiennent à la même chapelle politique ou en sont les amis incontestables. Cette situation consacre l’exclusion pure et simple du parti de la minorité, représenté dans le cas d’espèce par Les démocrates à la désignation des 7 juges de la cour constitutionnelle. En toute honnêteté, le Président Patrice Talon est-il satisfait voire même à l’aise avec un tel cadre institutionnel pour conduire les élections générales de 2026 ? Une analyse simple de ce cadre institutionnel devant conduire les élections générales de 2026 présente les caractéristiques ci-après :- cour constitutionnelle : contrôlée à 100% par le président Patrice Talon et ses deux partis siamois ;- CENA : contrôlée à 100% par le président Patrice Talon et ses deux partis siamois ;- l’ANIP : organe chargé de la confection de la liste électorale est également contrôlée à 100% par le Président Patrice Talon.Ce tableau institutionnel suscite de notre part un certain nombre d’interrogations :1- Ce cadre institutionnel tel que présenté, répond-il aux principes et système de valeur que défend le président Patrice Talon lui-même ? 2- Qu’est ce qui peut justifier la mise en place d’un tel cadre institutionnel de la part du président Patrice Talon et du bureau de l’Assemblée de Nationale représenté par Louis G. Vlavonou, si on admet que l’Assemblée Nationale 9ème législature n’est plus monocolore à l’image de celle de 8ème législature où tous les députés étaient de la mouvance présentielle ?3- Le président Patrice Talon et son prolongement à l’Assemblée Nationale ont-ils, si tant manqué de bon sens pour exclure le parti Les Démocrates du processus de désignation des 7 juges de la cour malgré que ce parti soit représenté par 28 députés à l’Assemblée Nationale ? 4- Enfin serait-il possible de croire que cette forfaiture pourrait passer allègrement comme une lettre à la poste ? Voilà autant de questions qui nous taraudent l’esprit.En réalité, toutes ces questions que nous venons de poser peuvent être répliquées dans d’autres secteurs du système de gouvernance de la rupture où la loi du talion est érigée en mode de gouvernance, à savoir tout pour moi et rien pour les autres. Comment est-ce possible dans un système qui se veut démocratique qu’une seule chapelle politique s’offre tout et, rien pour les autres ? Jouer la carte de tout pour moi, rien pour les autres est à l’origine de toutes les crises que notre pays a connues depuis 2016. Et c’est justement ce qui justifie l’absence de paix, de sérénité, de quiétude et de sécurité dans notre pays depuis l’avènement de la rupture. Les camarades actuellement en prison ou en exil en sont pour la plupart les victimes innocentes de cette politique savamment orchestrée avec la complicité active ou passive de certaines institutions de la république. A y voir de plus près, ce cadre institutionnel viole totalement le protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance qui dispose en son article 3 que « les organes chargés des élections doivent être indépendants et/ou neutres et avoir la confiance des acteurs et protagonistes de la vie politique. En cas de nécessité, une concertation appropriée doit déterminer la nature et la forme desdits organes ».
Mieux, l’article 5 du même protocole dispose que « les listes électorales seront établies de manière transparente et fiable avec la participation des partis politiques et les électeurs qui peuvent les consulter en tant que besoin ».Il est donc illusoire de croire que ce système de valeur à savoir tout pour moi, rien pour les autres s’accommode avec les valeurs cardinales de la démocratie et de l’Etat de droit universellement reconnues. Non et non ! C’est plutôt une menace grave pour la paix et la sécurité dans notre pays. Car toute exclusion quelle qu’en soit la forme ou la nature est source de frustrations, germe des vagues de protestations, de violences et de révolte. De là, à considérer le silence du peuple béninois, souverain comme un aveu de faiblesse est une erreur monumentale. C’est pourquoi, en tant qu’apôtre de la paix, nous avons choisi d’organiser cette conférence de presse au niveau de la 8ème circonscription électorale pour :1- protester contre l’installation de cette cour constitutionnelle et dénoncer son caractère monocolore ;2- attirer l’attention du président Patrice Talon sur son choix délibéré de mettre en place un cadre institutionnel électoral biaisé à dessein en prélude aux élections générales de 2026 ;3- dénoncer le choix délibéré du président Patrice Talon de mettre à mal la paix et la quiétude de nos paisibles citoyens par la caporalisation de toutes les institutions de la république ;4- informer le peuple souverain de la volonté du président Patrice Talon d’hypothéquer ou de plier à son seul avantage, les élections générales de 2026 avant même son organisation ;5- informer et mobiliser le peuple béninois souverain du danger qui guette notre pays si on accepte un tel cadre institutionnel pour les élections générales de 2026 ;6- engager à combattre avec véhémence, ce cadre institutionnel électoral biaisé mis en place par le Président Patrice talon afin de plier des élections générales de 2026 ;7- prendre à témoin l’opinion publique nationale et internationale du caractère déviant de ce qui se joue actuellement sous nos yeux et du danger que court la république du Bénin si ce cadre institutionnel électoral n’est pas corrigé à tempsp.
A cette étape de mon propos, je voudrais témoigner toute ma compassion au peuple béninois en général et en particulier à toutes les victimes de la brutalité de la gouvernance du régime dit de la rupture. Je fais un clin d’œil particulier à nos parents producteurs (de soja et d’acajou), de même qu’à nos transporteurs qui subissent depuis peu, de pleins fouets, les affres des réformes iniques du gouvernement qui les empêchent de vendre leurs produits à un prix rémunérateur et surtout de déplacer librement leurs productions d’un endroit à un autre même sur le territoire national. Selon Martin Luther King « celui qui accepte le mal sans lutter contre lui, coopère avec lui ». C’est pour nous, l’occasion de dégager notre responsabilité vis-à-vis des agissements du pouvoir de la rupture visant à ruser avec les lois de la république et le peuple béninois. C’est le lieu d’attirer l’attention du peuple béninois, que le cadre institutionnel de gestion des élections tel que conçu et mis en place par le président Patrice Talon et son prolongement à l’Assemblée Nationale est un piège, un danger voire une grosse machine dont le seul objectif est de garantir au président Patrice Talon et son clan une victoire certaine lors des prochaines joutes électorales, même si le vote n’est pas à leur faveur (à l’image de ce qui s’est passé le 8 janvier 2023 où le parti du peuple, le parti Les Démocrates a gagné les élections mais a perdu les résultats).
En terme clair, un tel cadre institutionnel ne peut aucunement garantir une élection transparente, encore moins un climat de paix et de sérénité. C’est pourquoi nous le contestons avec véhémence et invitons, les têtes couronnées, les confessions religieuses, les organisations de la société agissant pour la paix, les structures des droits de l’homme et les organisations internationales notamment les chancelleries accréditées au Bénin, la CEDEAO, l’ONU, à constater avec nous, le caractère monocolore et inopérant du cadre institutionnel mis en place en vue de la gestion des élections générales de 2026. Ce cadre qui exclut totalement l’opposition de toutes les structures de gestion des élections ne saurait garantir une élection transparente, juste et équitable.En conséquence, nous exhortons le chef de l’Etat, le président Patrice Talon à prendre la mesure de l’enjeu afin d’éviter à notre pays, de revivre les douloureux évènements de 2019 et 2021 dont nous trainons jusqu’à présent les séquelles. Il est encore grand temps, de corriger le tir à travers l’organisation d’un dialogue politique inclusif qui définisse un cadre institutionnel consensuel pour une gestion transparente, juste et équitable des élections générales en 2026. C’est dans ce contexte, je voudrais partager avec vous cette citation de Nelson Mendela « que vos choix reflètent vos espoirs et pas vos peur ».En tout état de cause, nous nous engageons à faire usage de tous les moyens légaux pour parer à cette injustice qui se joue actuellement sous nos yeux à travers de cette cour monocolore, dont le seul destin, à n’en point douter, est de servir le prince de la rupture. C’est pourquoi nous nous mobilisons déjà pour combattre cette forfaiture savamment orchestrée par le pouvoir de la rupture et ses affidés afin de défendre notre démocratie chèrement acquise, de restaurer l’Etat de droit et de libérer nos détenus politiques de même que le retour des exilés. En conséquence, nous invitons le peuple béninois à rester mobiliser pour se défaire de tout régime arbitraire et autocratique qui vise à mettre à mal la paix, la sérénité et la quiétude dans notre pays.Vive la démocratie,Vive le peuple béninois,Je vous remercie.