Le Bureau régional Afrique de l’Ouest et du Centre du Programme alimentaire mondial (PAM) organise du 25 au 28 avril 2023 au Bénin, la réunion bi annuelle des Directeurs Pays du PAM. L’événement, qui réunit plus d’une cinquantaine de participants dont 19 Directeurs Pays, a été l’occasion pour le Bénin de partager son expérience réussie dans la mise en œuvre du Programme national d’alimentation scolaire intégré (PNASI). C’est au ministre d’État chargé du Développement et de la coordination de l’action gouvernementale, Abdoulaye Bio Tchané, accompagné de son collègue des Enseignements maternel et primaire, Salimane Karimou et Gaston Dossouhoui, celui de l’Agriculture, l’élevage et de la pêche, qu’il est revenu de retracer le parcours du Bénin.
« Il me plaît de rappeler que le Programme national d’alimentation scolaire intégré (PNASI) est une bouffée d’oxygène non seulement pour l’école béninoise, mais aussi pour les communautés locales où les parents sont désormais libres de vaquer à leurs activités sans plus se préoccuper des mouvements de leurs enfants aux heures de pause puisque leur repas est assuré ». C’est en ces termes que le ministre Bio Tchané a planté le décor à l’ouverture de la réunion. Revenant sur la genèse du PNASI, le ministre a expliqué que plusieurs facteurs ont concouru à sa création. Confronté aux nombreux défis révélés par les différents diagnostics du système éducatif béninois en 2016 dont, entre autres, la pauvreté et l’insécurité alimentaire dans les zones déshéritées ou à fort taux de pauvreté, le Gouvernement béninois a opté pour des réformes en profondeurs. A travers son Programme d’actions, il a inscrit le PNASI au rang des projets phares et confié son opérationnalisation au PAM. ” L’occasion est donc propice pour saluer et remercier encore une fois le Programme alimentaire mondial pour son expertise déployée et son accompagnement sans cesse renouvelé “, a déclaré le ministre, ajoutant que “de tous les programmes gouvernementaux, le programme des cantines scolaires est celui qui est le plus apprécié des populations “.
Les chiffres du PNASI forcent l’admiration
Le Gouvernement béninois a décidé de consacrer plus de ressources aux cantines scolaires pour couvrir au moins 31 % des écoliers et leur donner un repas chaud tous les jours d’école. Ce qui a représenté à l’époque près de 7 milliards de francs CFA par an, soit 6 à 7 fois le budget précédent (contre une moyenne de 1,5 milliard de francs CFA avant 2016). Parallèlement, en vue de l’efficacité du programme et pour régler les problèmes de gouvernance et d’apprentissage, le choix d’un partenariat avec le PAM pour son opérationnalisation a été fait. Les résultats encourageants, grâce à l’expertise du PAM ont suscité la décision en 2018 et de passer à 2 enfants sur 4, faisant passer le taux de couverture à 51 %, et le budget à près de 15 milliards de francs CFA par an. Le besoin s’est fait sentir d’aller plus loin en 2021, soit à 3 enfants sur 4, et de passer ainsi à 75% de taux de couverture à la rentrée scolaire 2021-2022. « Cela représente environ 1 200 000 enfants qui reçoivent un repas chaud chaque jour de classe dans toutes les communes du pays. » a laissé entendre Salimane Karimou, confirmant que la “couverture à 100% est presque engagée” et sera effective dès la rentrée scolaire 2023-2024.
Le Bénin, un modèle inspirant pour les autres pays
L’évolution du taux de couverture de 17% au début du programme des cantines scolaires à 75% fait du Bénin un modèle inspirant pour les autres pays et “c’est un succès que nous partageons avec le PAM” relèvera Abdoulaye Bio Tchané faisant un clin d’œil à l’agence onusienne qui fait figure, depuis le lancement du PNASI de partenaire privilégié du gouvernement. Ce succès se remarque principalement à travers les nombreuses évaluations réalisées et qui révèlent que les écoles bénéficiaires de ce programme connaissent une amélioration de leur niveau de performance comparativement aux écoles qui ne sont pas encore couvertes. Il est en effet loisible de constater combien les repas scolaires ont favorisé l’accroissement du taux de scolarisation et celui de rétention à l’école. Mieux, le modèle béninois vu comme filet de protection sociale, est un vecteur de développement du capital humain national. La particularité du programme réside entre autres, en son aspect intégré relatif à la prise en compte des volets agriculture, petit élevage, santé, hygiène… autour des cantines scolaires, ce qui fera dire au ministre qu’ « en dehors du repas, le PNASI est également un outil de développement communautaire, … ». La présentation des succès du Bénin a laissé admiratifs Directeurs Pays et autres cadres présents. Ils se sont montrés encore plus admiratifs de l’engagement du Gouvernement pour la réussite du programme. Il faut noter que l’’engagement du Bénin se traduit aussi par l’adoption en Conseil des ministres le 26 avril 2023, du projet de loi sur l’alimentation scolaire afin de rendre pérenne les acquis du programme à travers un cadre juridique, institutionnel et réglementaire approprié. «Nous pouvons considérer le programme de l’alimentation scolaire du Bénin comme un exemple au niveau régional et au niveau mondial », a salué Ouattara, Représentant Résident du PAM au Bénin. Gaston Dossouhoui a pour sa part reconnu l’amélioration de la production locale grâce à la mise en œuvre du programme. Les achats locaux auprès des petits producteurs sont et demeurent un aspect crucial du PNASI et le ministre a loué les efforts du PAM dans ce sens. Gaston Dossouhoui a émis le souhait que tous les vivres destinés aux cantines soient achetés plus tard au niveau local. Séduit par la mise en œuvre du PNASI et les succès déjà engrangés le Directeur Régional du PAM pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Chris Nikoi, a annoncé les discussions en cours avec la CEDEAO pour l’organisation d’une conférence internationale sur le programme des cantines scolaires afin de partager l’expérience du Bénin. Pour lui, il ne fait de doute que « le Bénin a quelque chose à changer dans notre région ». Abdoulaye Bio Tchané a exprimé la disponibilité du Bénin à partager son modèle avec d’autres pays. A noter qu’en dehors des Représentants du PAM, des cadres techniques venus du Bureau Régional du PAM au Sénégal et du siège en Italie prennent part à cette réunion.
Flore Nobime