La communauté africaine célèbre ce 1er mars, la 8e Journée africaine l’alimentation scolaire (JAAS) placée sous le thème: « Stimuler les systèmes locaux d’approvisionnement alimentaire et les chaînes de valeur régionales : le rôle de la ZLECAf pour les programmes d’alimentation scolaire durable et l’amélioration de l’apprentissage ».
Sensibiliser tous les acteurs autour de l’alimentation scolaire. C’est le sens que revêt la JAAS depuis son instauration en 2016 par l’Union africaine. Pour rappel, la journée a été instituée après l’adoption par les Chefs d’Etats et de Gouvernements africains d’une décision en faveur de l’alimentation scolaire. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’initiatives pour la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, des Objectifs de développement durable à l’horizon 2030 et de la Stratégie d’éducation continentale pour l’Afrique 2016-2025 (CESA 16-25).
Axé cette année sur les systèmes locaux et l’amélioration de l’apprentissage, le thème de la JAAS rentre en droite ligne avec ce qui se fait au Bénin selon Ali Ouattara, le Représentant résident du Programme alimentaire mondial (PAM). Dans un entretien accordé à la presse, Ali Ouattara s’est référé au Programme national d’alimentation scolaire intégré (PNASI).
Lancé depuis 2017, ce programme financé par le Gouvernement béninois et exécuté par le PAM, en plus de contribuer à lutter contre l’insécurité alimentaire en général et en milieu scolaire, vise aussi à stimuler la production locale. Même si des vivres comme le riz et l’huile sont encore importés d’Asie, les chiffres parlent d’eux-mêmes pour ce qui est de l’achat au niveau local du maïs, du haricot et même du riz.
En 2020, quelques 5500 tonnes de vivres (maïs et niébé) ont été achetés auprès de commerçants institutionnels pour un montant de 2,2 millions de dollars. Après la signature en 2020 d’un mémorandum entre l’agence onusienne et le ministère en charge de l’Agriculture, les petits producteurs sont entrés en scène, vendant directement au PAM, leurs productions de plus en plus croissantes.
Des 6700 tonnes de vivres achetées localement en 2021 par exemple, 300 provenaient de ces petits producteurs. En 2022, sur les 8750 tonnes de vivres achetés, ils en ont vendu 901, soit le triple de leur production un an plus tôt.
L’année 2023 s’annonce plutôt bien avec des records déjà battus en seulement huit semaines, comme le confirme Ali Ouattara : « Nous avons déjà acheté au cours des deux premiers mois de l’année, 12600 tonnes de vivres dont 410 tonnes auprès des petits producteurs ».
D’ici à décembre 2023, le PAM ambitionne d’acheter 7000 tonnes de vivres auprès de ces derniers, l’idée à terme étant de se procurer « quasiment tous les produits au niveau local et d’ajouter d’autres produits locaux fabriqués par des usines locales », explique le Représentant-résident.
Une approche gagnante
Si l’approche de l’alimentation scolaire issue de la production locale constitue un stimulus certain pour l’agriculture locale et un bon moyen de réduire la pauvreté, les bénéfices sont aussi pour le PAM. Sur le plan de la logistique par exemple, avoir des contrats avec des producteurs à l’intérieur du pays permet de réduire les distances en termes de livraison. « Nous achetons non loin des zones où nous allons distribuer. Cela réduit les coûts de transport, assure la rapidité des livraisons … », assure Ali Ouattara.
La production locale permet par ailleurs d’amortir un tant soit peu les difficultés nées du conflit entre la Russie et l’Ukraine. Si la guerre toujours en cours entre les deux pays a impacté négativement les délais et les coûts de transport et même les coûts d’achat des produits, « l’approvisionnement au niveau local nous permet de nous soustraire de ces contraintes » confie Ali Ouattara.
Encadré : Plus d’1,1 million de repas servis chaque jour
Parti d’un taux de couverture de 31% à son démarrage en 2017, le PNASI a grimpé à 51/% au début de l’année scolaire 2022, avant de caracoler à un taux de couverture de 75% en avril 2022. Cela représente un repas chaud, sain et nutritif servi chaque jour d’école à plus d’1,1 million d’élèves répartis dans 5350 écoles dans les 77 communes des 12 départements du Bénin.
Flore Nobime