Le secteur de l’éducation au Bénin souffre de plus en plus d’un certain manque de nos jours. Celle-ci ne permettant réellement pas aux apprenants d’échapper au chômage une fois le diplôme décroché. Une problématique à laquelle Débora Gladys Hounkpè pense pouvoir proposer une alternative. Il s’agit bien des activités parascolaires.
Interviewée par Educ’Action, la Docteure en Sciences psychologiques et de l’éducation, Diplômée en Études genre, Études Femme et formatrice des formateurs en Education à la Culture de la Paix et aux neurosciences, a abordé cette thématique qui selon elle, participerait non seulement à l’éducation des jeunes mais aussi à l’assurance d’un meilleur avenir.
Lire ci-dessous l’intégralité de son intervention.
Educ’Action : Que peut-on entendre par activité parascolaire ?
Dr Débora Gladys Hounkpè : Une activité parascolaire est une activité qui se fait à l’école mais qui n’est pas forcément incluse dans le programme scolaire. On l’appelle aussi activité périscolaire. En général, il s’agit de toutes les activités qui visent à instruire, éduquer, distraire l’enfant dans l’intention de faire de lui un humain complet, capable de vivre en harmonie avec les autres citoyens de chez lui et ceux du monde entier. Grâce aux activités parascolaires, l’enfant connait ses émotions, sa personnalité et arrive à comprendre, par la concrétisation, que sa liberté s’arrête là où commence celle de l’autre. Au nombre de ces activités, nous pouvons citer : les sports, les arts plastiques, les jeux de développement mental à la Maria MONTESSORI ; les clubs de lectures ; les clubs de rédaction de journaux pour la vie du lycée ; les activités culinaires, touristiques et culturelles.
Avez-vous l’impression que ces activités sont réelles dans les programmes scolaires au Bénin ?
On pourrait dire oui par la présence du sport et de l’EA (Education Artistique) dans le programme de l’enseignement maternel et primaire. Mais en dehors de ces prescrits officiels qui ne sont pas toujours respectés, les écoles béninoises sont plutôt dans la cognition des neurosciences cognitives. Le savoir savant et zéro distraction.
En tant qu’acteur du système éducatif, quels sont selon-vous, les plus pratiquées à la maternelle et au primaire ?
Le sport, le chant, le dessin. Et c’est très insuffisant, car nous savons que l’innovation serait d’introduire totalement et sans timidité ces activités parascolaires dans le programme scolaire officiel, sans créer de dommage ni en temps, ni en activités aux enseignants, aux parents et aux élèves. Je tiens à ajouter que cette innovation ferait grandement entrer la qualité tant désirée au sein des programmes scolaires et exigée par les ODD dont notamment l’ODD4. Pour ce faire, les enseignants et toutes les personnes adultes qui doivent accompagner les enfants, devraient recevoir une très bonne formation à cette fin. Il faut également faire appel à des professionnels pour faire vivre de très beaux instants de qualité à tous les bénéficiaires.
Quelle est la part de responsabilité des parents dans la pratique de ces activités parascolaires en famille ?
Certains parents ont compris l’importance de ces activités et amènent leurs enfants dans les zoos ; les clubs de lecture ; les clubs d’arts martiaux ; de tissages et autres activités manuelles, riches en sécrétion cérébrale de substances de déclenchement de tout développement cognitivo-affectif et briseur de toute solitude socio-affective. Mais, beaucoup de parents n’y ont rien compris. Leurs enfants s’amusent avec leur incompréhension, sous leurs insultes et autres violences corporelles. Car, en prolongement de l’école, ils veulent aussi privilégier les activités scolaires, prolongées pendant les heures en famille, grand dommage. Un enfant qui n’a pas joué, deviendra un adulte irascible et très intolérant. Il n’aura aucune patience avec personne. Imaginez une société de tendus et de stressés : bonjour les maladies cardiovasculaires et autres maladies opportunistes. Voyez comment les enfants des villes sont enclins à l’obésité. Ils vont à l’école en voiture, tandis que leurs frères des villages se tapent des kilomètres à pieds. Ils s’assoient devant le poste téléviseur en grignotant toutes les sucreries achetées dans les grandes surfaces par leurs parents absents. Alors que l’Afrique traditionnelle, le Bénin d’antan regorgeaient de jeux de société très bénéfiques au développement psycho-social et affectif de l’enfant.
De façon concrète, quelle est la plus-value des activités parascolaires sur le développement des enfants aussi bien sur le plan psychologique, pédagogique et social ?
Ces activités sont très bénéfiques pour les enfants. Sur le plan psychologique, il y a la détente, la distraction, la déstresse, la sécrétion des hormones de bonheur : la dopamine, l’oxytocine, l’endorphine, la sérotonine qu’on constate chez les enfants qui s’adonnent à ces activités. Sur le plan pédagogique, l’enfant apprend le dépassement de soi, l’estime de soi qui dope le moral et convainc de la volonté, de la capacité de pouvoir le faire, la curiosité, la concentration afin de savoir garder le silence en respectant la lecture des autres (dans un club de lecture par exemple) ; de respecter la victoire de l’autre (dans un combat de karaté par exemple), ou en natation, ou en basket, ou en foot. Concrétiser l’apprentissage des mesures et les quantités pour faire un gâteau par exemple en atelier culinaire. La valeur pédagogique des activités péri-parascolaires est immense et incroyable. Ces activités permettent aux enfants de déployer et d’exprimer leurs incroyables talents. L’enfant s’émerveille lui-même en face de ce qu’il est capable d’accomplir et que la pondération et les compétitions en classe n’ont pas permis de révéler. Les activités parascolaires font que même les apprenants les plus ‘’médiocres’’ ont envie de revenir à l’école. Et évidemment, sur le plan social, tout ce qui précède montre que l’enfant apprend la vie en société. Il affine son instinct grégaire.
Au regard de l’importance de ces activités dans la vie de l’enfant, quels conseils pourriez-vous donner aussi bien aux parents qu’aux enseignants et à tous les éducateurs d’enfants pour réserver des instants d’activités parascolaires aux enfants dans l’intention d’un changement de comportement ?
Ils gagneront tous et les lendemains de nos sociétés à laisser jouer les enfants. Ceci évite que ces derniers s’adonnent aux activités illicites comme la drogue, le sexe, le vol, l’ennui, la paresse, l’arrogance et les jeux malsains sur tik tok…
Que dire pour conclure cet entretien ?
L’apprenant affine son être et son adresse, en faisant des travaux manuels. Il retrouve son être intrinsèque. Car, l’homme a été homo faber, avant de subir l’évolution le menant à homo internet en passant par homo sapiens, puis, homo sapiens sapiens. Les activités parascolaires révèlent l’identité sociale et professionnelle de l’apprenant. Il est très fort en dessin ? Il est très fort en foot ou en danse ? En jeux de quilles ? En arts martiaux ? En cuisine ? En jeux de montage de légos ou de puzzle ? Il aime les travaux champêtres ? Il aime arroser le potager ? Elle aime pousser le tracteur ? L’orientation scolaire peut s’en saisir. Les activités parascolaires permettent la sécrétion des hormones de bonheur… Ce qui contribue à réparer les traumatismes orchestrés par les activités scolaires en classe, marquées quant à elles, par le stress, l’angoisse, la compétition et les violences scolaires de toute nature. En effet, l’école béninoise n’a pas encore trouvé les moyens de les rendre attrayantes et ludiques, les activités pédagogiques. Ou elle tarde à explorer ces options, pour le développement intégral de tout l’homme. Les activités parascolaires rendent aux élèves leur humanité, contrairement aux activités pédagogiques ardues et ‘’farouches’’ qui les rendent inhumains et très frustrés. Les enfants sont plus dociles lors des activités parascolaires, car ils y adhèrent totalement. Malheureusement, ces activités sont plutôt rarissimes dans le système éducatif national. Il faut y penser pour former des citoyens complets.
Source : Educ’Action