Le 9e numéro de votre rubrique hommages aux anciennes gloires vous plongera dans le monde de la pétanque, l’une des disciplines qui connaissent un énorme succès au Bénin et ça, c’est grâce aux talents que regorge le Bénin et plus précisément le septentrion. Une région du Bénin qui a vu naître un pétanqueur, un tireur hors pair qui a pour nom Adamou Saliou dit El-Bechir.
Qui est “El-Bechir” ou “Dógó du nord ”, installez-vous confortablement.
De son vrai nom Adamou Saliou, El-Bechir est né le 26 février 1969.
L’histoire d’amour entre El-Bechir et la pétanque a commencé alors qu’il n’avait que 16 ans : « Dans le temps, je remplissais les boîtes de lait de sable et j’en faisais des boules, c’est avec ça je m’essayais ».
El-Bechir est issu d’une famille de pétanqueur au quartier Bakinkoura. Un quartier reconnu pour sa pratique du sport boule à Parakou: « j’ai commencé par jouer à Bakikoura. un jour dans le quartier, nos grands frères, nos parents jouaient dans le quartier et je suis allé, j’ai dit : je veux jouer. Ils m’ont refoulé, car j’étais vraiment frêle dans le temps. Un jour, lors de leurs séances, alors qu’ils étaient distraits, j’ai pris la boule, j’ai fait un tir et ils ont crié ” petit, c’est toi qui as fait ce tir ? “, et c’est comme ça, ils m’ont accepté ». Se rappelle-t-il.
Sous les ailes de ces anciens, El-Bechir a commencé par façonner ce charisme qu’il avait en lui. On était en 1985.
Ainsi a commencé la longue carrière du tireur El-Bechir. Après le club de Bakikoura, il intègre l’équipe de l’Ajax de Boundarou, Sankara de Zazira. Après Sankara, El Bechir a fait un retour dans son quartier Bakikoura où, ses frères et lui ont créé le club Aliyeri, d’où il a rejoint Caïman de Kpébié ; son club actuel.
El-Bechir est un tireur, grand de taille, un avantage qui lui permet de faire une très bonne lecture afin de réussir ses tirs qui défient toute concurrence.
« El-Bechir a été un bon joueur par le passé. Jusqu’à présent, il garde ses qualités même si cela n’est plus comme quand il était plus jeune. Il a été très bon. Je peux vous affirmer qu’il a gardé le flambeau du nord pendant un très long moment », nous confirme Gounou Mama, ancien secrétaire général de la Ligue Borgou de pétanque.
Qui de mieux pour en témoigner qu’El-Bechir lui-même : « Mes tirs sont imparables, les autres joueurs lancent la boule droit, mais moi quand je lance la boule avec mon index et mon pouce, ça va en haut avant de retomber et forcément, ça trouve la cible. Des boules mariées, je les enlève » se rappelle-t-il avec fierté.
Malgré cet énorme talent, El-Bechir a été convoqué en sélection nationale du Bénin qu’une seule fois et c’était en 1997. Année au cours de laquelle il a représenté le Bénin du côté de Lomé « Il fait partie des premiers joueurs à faire parler d’eux en équipe nationale. Il n’a pas beaucoup joué, mais il faisait partie de l’équipe qui a représenté le Bénin à Lomé cette année-là » se rappelle Gounou Mama.
Ce fut la seule compétition à laquelle il a pris part avec le Bénin. Compétition qu’il a d’ailleurs remporté en compagnie de son jeune frère Adamou Issifou et un certain Taïrou.
Durant 38 ans de carrière, El-Bechir a été toujours classé permis les 10 premiers de chaque compétition à laquelle il a pris part. Il a à son actif plusieurs compétitions régionales, nationales et même internationales remportées. Ce qui lui a valu l’appellation ”Dógó du Nord” (l’élancé du nord) dans la région méridionale du Bénin.
Entre autres, en 2002, El-Bechir a été champion de ”la consolante” lors du championnat national en 2002. En 2005, il remporte le championnat national face à l’équipe de l’actuel Maire de Bembéréké Garba Yaya.
Même si El-Bechir continue de sortir des tirs sortis de nulle part, il nous raconte quelques moments fort de sa carrière dont-il se souvient « À Tchaourou, en 2018, lors des éliminatoires du championnat national, mon équipe a croisé celle de Bio Marcel de Ajax de Boundarou. J’ai dit à mes coéquipiers, aujourd’hui je vais vous porter haut. Ils ont dit, toi un vélo, tu veux aller rencontrer un train ? ils nous menaient à 2-8, ils avaient 10 boules à terre et trois boules en main. Quand j’ai tiré, j’ai fait un bec pour remonter le score finalement, j’ai gagné le match » et plus mémorable, toujours à Tchaourou lors des mêmes éliminatoires du championnat national : « J’ai rencontré Tchaourou en final. Ils nous menaient 9-0, de là, on a pu remonter à 9-7 sur un jeu de 11. Ils ont fait un mariage et là si je tirais forcément, ma boule se noyait net. Mes coéquipiers étaient découragés et j’ai dit : « Je vais vous laisser un souvenir que vous n’allez jamais oublier. J’ai tiré et ma boule a tapé l’extrémité droite de la boule à terre qui est allé à gauche et la mienne à droite et on a gagné Tchaourou. Ce jour-là, j’ai coulé les larmes ».
Aujourd’hui, El-Bechir est devenu une icône pour la nouvelle génération, bien qu’il juge cette génération moins consciente que la sienne « En notre temps, il n’y avait pas de trophée comme maintenant. C’était des Lacostes, des torchons, des cigarettes, briquet… Mais aujourd’hui, ça a évolué, mais ils ne se donnent pas. Les jeunes ont besoin d’humilité pour pouvoir apprendre de nous les anciens. Ils jouent bien, mais ils ont besoin des aînés pour être meilleur ».
El-Bechir est issu d’une famille reconnue pour sa pratique de la pétanque. En dehors de ce dernier, il a trois jeunes frères qui pratiquent cette discipline qu’est la pétanque.
Célin Orou Dossoumon