Alors que nombre d’observateurs ne vendaient pas cher leur peau, la Fcbe vient de déjouer tous les pronostics dans plusieurs communes du septentrion dont Parakou. Les anciens maires de cette cité depuis l’ère de la décentralisation mis en coalition au sein du parti Bloc Républicain avec le maire en fin de mandat n’ont pu peser lourd dans la balance, face aux Cauris dépourvus de leur leader charismatique : Boni Yayi qui a préféré prendre ses distances vis à vis des siens soupçonnés d’être proches du régime de la rupture.
Un scrutin test
Le scrutin de ce dimanche 17 mai est assez révélateur de ce que le parti Force cauris pour un Bénin émergent n’a pas encore dit son dernier mot. Malgré les difficultés d’occupation du terrain, l’absence du président d’honneur Boni Yayi, père fondateur du parti et les déboires bravés depuis l’arrivée au pouvoir du chantre de la Rupture, le parti n’a pas chaviré.
Le quartette Karimou Adamou Souradjou, le maire destitué en 2016, Soulé Allagbé, Rachidi Gbadamassi actuellement député à l’Assemblée Nationale et le Ministre des mines Samou Séidou Adambi, tous anciens patrons de l’hôtel de ville en ensemble dans une union sacrée avec le maire sortant, Charles Toko, tous membres du parti Bloc Républicain, n’auraient pas réussi à ébranler la ”Force Cauris pour un Bénin Émergent” pour le compte de ce challenge électoral. Les urnes l’ont révélé à tout observateur.
En attendant la commission électorale nationale autonome, les grandes tendances issues des urnes placent les cauris au-dessus des autres formations politiques considérées jusque-là comme favorites en raison de leur proximité avec le pouvoir et de leur rayonnement médiatique.
Entre les cinq partis, Bloc Républicain, Union Progressiste, Union Démocratique pour un Bénin Nouveau, Parti du Renouveau Démocratique et Force Cauris pour un Bénin Émergent, la grande majorité des électeurs, dans l’isoloir a préféré le cauris.
La grande razzia
Du premier au troisième arrondissement en passant par le deuxième, les suffrages exprimés mettent en tête du peloton le seul parti se réclamant de l’opposition politique au régime du nouveau départ. Des citoyens ont préféré enfiler le maillot vert au cauris face à l’arc-en-ciel, le maïs nourricier, le cheval blanc et le baobab. À l’issue du dépouillement dans les centres de vote, les chiffres, même si parfois d’équivalent à certains endroits portent en grande majorité le parti cauris en première position. En attendant les résultats officiels des institutions compétentes, ceux révélés par les bureaux de vote plébiscitent la Fcbe. Presque dans tous les quartiers de Parakou à l’exception de quelques-uns du troisième arrondissement où le parti Bloc Républicain a essayé de devancer son redoutable adversaire avec quelques voix, les cauris peuvent s’en frotter les mains.
La berezina pour les “favoris”.
En dépit du nombre important de grosses cylindrées qui composent le parti, les énergies déployées n’ont pas produit l’effet escompté.
Occupations excessives du terrain à travers des meetings politiques malgré l’interdiction imposée à toutes les formations politiques du fait de la menace du corona virus, des bisbilles et piques régulièrement lancées contre l’ancien ministre Aboubacar Yaya à travers le fameux slogan ”je suis Somba”, toutes les stratégies même les moins recommandables ont été mises en place pour faire rallier à leur cause le plus grand nombre d’électeurs n’ont pas payé. C’était la grande désillusion.
Dans un espace rétréci à l’opposition visiblement affaiblie, presque inexistante pour certains, Fcbe au terme des communales et municipales prouve que sa voix est encore audible et écoutée par plusieurs Parakois. Si Aboubacar Yaya, Amadou Issifou et des jeunes sont parvenus à couvrir de leur ombre politique la cité des Kobourou, la razzia électorale est à craindre.
Des questions taraudent dès lors les esprits. Qu’aurait pu être le visage des résultats si Boni Yayi s’était mis dans la danse, lui qui draine la foule à chacune de ses sorties. Car qu’on le veuille ou non, la démission de l’ancien président de la République de la tête du parti a démobilisé des électeurs militants Fcbe qui ne jurent que par lui. La preuve en est qu’il est noté un fort taux d’abstention des électeurs dans les centres de vote, quoique certains mettent cette abstention sous le coup de la menace de la Covid 29. Aussi le vote du 17 mai est-il un vote sanction contre la rupture ou contre la méthode de gouvernance locale ? Qu’est-ce que le seul parti de l’opposition en proie à une division et à des querelles internes profondes a pu vendre aux électeurs de Parakou ? Si les analyses peuvent varier d’un acteur à un autre, une évidence se dégage. C’est que Fcbe a encore du potentiel à vendre. Le requiem du parti ne sera pas chanté de sitôt. Plusieurs citoyens s’identifient encore à travers le parti du cauris, l’ancien parti au pouvoir. Il a prouvé sa suprématie sur ses challengers malgré l’absence de ses leaders sur le terrain pendant la campagne électorale.
Une autre évidence, c’est que ce scrutin local particulier est annonciateur du grand rendez-vous électoral qu’est la présidentielle de 2021.
L. W. T