Le système de santé béninois est actuellement en proie à de nombreuses insuffisances. Un problème qui devient de plus en plus fatal pour de malheureux patients qui cherchent guérison. C’est le cas à l’hôpital de zone de Boko, dans la commune de N’dali, au service de pédiatrie plus précisément. Des plaintes ont fait état de décès d’enfants dans des conditions floues, ainsi qu’une prise en charge qui laisse à désirer. Alertée sur le sujet, la rédaction du journal LeParakois a effectué une descente sur le terrain afin d’en savoir d’avantage.
Le témoignage est glaçant et plein d’amertume. Consterné par ce dont il a été témoin oculaire, Monsieur X dont l’identité sera gardée sous anonymat, décrit les conditions dans lesquelles les enfants sont pris en charge à la pédiatrie de l’hopital Saint Jean de Dieu de Boko, qu’il qualifie de “mouroir d’enfants“. Les faits remontent à ce mercredi 12 octobre où deux enfants ont rendu l’âme coup sur coup.
J’ai rendu visite à un malade à l’hôpital Saint Jean de Boko où je suis actuellement à la pédiatrie. C’est un mouroir pour enfant, ceci dû au manque de personnel et de négligence. Devant moi, un enfant de 3 ans vient de rendre l’âme. Beaucoup d’autres sont dans des cas critiques
nous rapporte-t-il, le cœur meurtri.
Il précise également que le médecin Chef de la section serait en voyage depuis lundi dernier. Ce qui causerait un gros déficit dans la qualité des soins prodigués. Des constats appuyés par des témoignages recueillis sur place.
Confirmant les décès enregistrés la veille, une usagère accompagnant sa petite fille aux soins se plaint quant à elle de la non disponibilité du médecin spécialiste chargé de les prendre en charge.
Nous venons d’arriver mais le docteur qui devait nous accueillir n’est pas encore là. On vient juste de l’appeler mais il dit qu’il ne sera là que dans l’après-midi. Nous sommes donc obligées d’attendre et de faire avec.
s’est-elle plainte auprès de notre équipe.
Un situation qui se répète pour beaucoup, en cette période des pluies où le paludisme et l’anémie font des ravages chez les enfants. Cependant, la version est toute autre du côté du personnel soignant qui pense que le problème se trouverait ailleurs.
Une parole contre une autre !
Selon une infirmière du service pédiatrique, les décès ne seraient pas dus à une quelconque légèreté dans la prise en charge de ces enfants. Ils (les décès) sont plutôt causés par notamment la pauvreté, la malnutrition et le manque de réactivité des parents.
Dans sa version des faits, les enfants décédés étaient à un stade très avancé d’anémie avant d’être transportés d’urgence vers eux. Elle assure que les patients ont bel et bien reçu convenablement les premiers soins dès leur arrivée et que le personnel disponible est suffisant pour une prise en charge optimale des enfant admis aux soins.
Concernant l’absence du medecin chef du service, elle nous confie que ce dernier est à une « formation » pour le moment et ne tarderait pas à revenir. Elle poursuit en affirmant que des dispositions sont prises à l’avance afin de pallier à cette éventualité. Un médecin de garde étant disponible afin de suppléer le médecin chef, en cas d’absence.
Des paroles en totale contradiction aux plaintes reçues, mais qui ont du mal à faire calmer les ardeurs. L’ensemble des usagers est unanime sur les conditions de travail du personnel soignant, pas seulement en pédiatrie. Les responsabilités se partagent ainsi entre le corps soignant et les autorités. Ces derniers sont appelés au renforcement du personnel à tous les niveaux, ainsi qu’à l’effort de sensibilisation des populations des zones reculées sur l’importance des centres de santé.
Mouhadjirine YATCHE & Mouhamed Bouhari SAÏDOU