Quand on parle des Buffles du Borgou, plusieurs générations se sont succédées avant d’en arriver là aujourd’hui. Le premier numéro de la rubrique “Hommage aux anciennes gloires” est consacrée à l’ancien footballeur, Sidi Ali Mohamed, dit Sifroid. Un milieu offensif doté d’un petit gabarit, mais dont le nom suscite du respect dans l’histoire du club du septentrion. Retour sur la carrière de cette légende avec “Le Parakois”.
De la génération d’Adam Soura, Gorge yerima, Atouga et autres, Sidi Ali Mohamed (dit Sifroid), puisque c’est de lui qu’il s’agit, est l’un de ces joueurs qui ont marqué l’histoire des Buffles du Borgou et du Bénin en général. Très tôt, Mohamed fut transfiguré pas la magie du football et abandonne l’école en classe de CE1, au profit du cuir rond malgré les grands moyens employés par sa génitrice pour l’empêcher de suivre ce chemin.
« Ma mère donnait de l’argent aux enseignants pour me garder à l’école. Mon père lui, m’a dit que si je finissais l’école coranique, je pouvais jouer et j’ai vite fait pour finir », raconte-t-il.
Plus tard, il rejoint l’équipe de district de Yarakinnin. À bon vin, points d’enseigne, de là, il rejoint l’équipe provinciale du Borgou, devenue “Buffles du Borgou” plus tard. À son arrivée, Sifroid a été aidé dans son intégration par un certain nombre de joueurs qui étaient ces devanciers chez les Buffles.
« Quand je suis arrivé, il y avait des doyens comme Boyer, Kaolo, Toguè. Malgré notre jeune âge, nous autres, ont se donnaient au travail et en grande partie, c’est ce qui a propulsé les Buffles de cette époque », poursuit-il.
Malgré son jeune âge, Sidi Ali Mohamed réussi à s’imposer grâce à son talent et à gagner le cœur des parakois.
« À l’époque, si vous demandez le classement de l’équipe des Buffles à un enfant, il vous citera tout au moins les deux autres Mohamed en plus de moi. Et ce qui est bizarre, quand l’un des Mohamed marque, le second suit et vous allez entendre dans les gradins : le troisième vient et environs 10 minutes après le troisième marque. C’était un don pour nous et ça traduit également l’ambiance qui régnait entre nous malgré la différence d’âge ».
Des propos appuyés par Ibrahim Chabi Mama, Vice-président des Buffles du Borgou.
« Sifroid était l’un de ces Mohamed là de l’époque florissante des Buffles du Borgou. À l’époque, nous étions des ramasseurs de balle et il fallait s’inscrire pour être ramasseur lors d’un match, même lors des séances d’entraînements (Rire). Autrefois, c’étaient les communes qui jouaient et je me rappelle qu’il est venu de yarakinin tout comme Abdoulaye Mohamed dit “petit souris”. Il est l’un de ces joueurs qui ont fait la gloire des Buffles du Borgou. Il a un petit gabarit, mais quand les balles sont en l’air, les défenseurs sont surpris, ils les cueillent avant eux. C’était un grand milieu offensif, buteur qui grâce à ses qualités a tapé dans l’œil du sélectionneur national. Malheureusement, le football n’avait pas la même dimension qu’aujourd’hui. Ils sont un certain nombre laissés pour compte actuellement alors qu’ils méritent plus de considération. Je voudrais donc lancer un appel pour que ces anciens soient pris en compte par l’association des anciens footballeurs du Bénin », a-t-il réagi.
Sidi Ali Mohamed était un joueur qui ne reculait devant rien, sa taille lui permettait de se jouer rapidement des défenseurs. Des qualités confirmées par le professeur Ramane Aboudou, enseignant chercheur à l’Université de Parakou et grand amateur de football.
« Quand on dit Sifroid, c’est le football du septentrion pour ne pas dire national. J’étais encore élève au CEG de Nikki lorsque j’entendais le nom de Sifroid. Dès que je suis arrivé faire la terminale à Parakou dans les années 80, j’ai eu le temps de le découvrir. C’est lui qui a fait de moi un amoureux du football. Sifroid était intrépide, résistant et croyait en ce qu’il fait. Voilà des gens qui ont appris le football sauvage, le football de rue, mais qui le pratiquaient très bien, contrairement à aujourd’hui où il y a des écoles de football partout. Les Sifroid n’ont pas appris cela nulle part, mais ont montré qu’on peut avoir cela comme un charisme. S’il y avait un autre animal plus que le Buffle, on l’appellerait Sifroid », raconte-t-il avec un grand air nostalgique.
Et ce n’est pas le fils de l’ancien coéquipier de Sifroid, Issifou Toguè Loukmane, qui dira le contraire.
« Moi, je l’appelle affectueusement ”Papa” puisse qu’il a joué avec mon père Issifou Toguè. Dans la génération de mon père, eux, ils étaient des doyens de Sifroid. Je me rappelle, mon père me disait “Nous, nous sommes en train de partir, donc nous avons l’obligation de former la relève et quand je vois des jeunes comme Sifroid, j’ai espoir.” C’était intéressant de le voir jouer », nous raconte Issifou Toguè Loukmane actuel DVP Buffles du Borgou.
Lorsque Sifroid pose les pieds sur la pelouse synthétique du stade de Parakou, il se rappelle ses moments de gloire.
« En notre temps, c’était de la ”Terre rouge ”, après chaque match, on était sale. On avait joué beaucoup de matchs internationaux. Un contre le club de Gorges Weah et ce jour quand j’ai marqué, il est venu me dire ” Mr, vous avez de l’avenir ”. J’ai joué aussi contre Abedi Pelé. En sélection, j’ai joué avec Doussougbété, Dorégo Gounou Ikillilou … ».
Comme conseil à la nouvelle génération, Sifroid demande : « Le rendement avant l’argent ».
Retenez tout simplement qu’il a marqué le football béninois, mais malheureusement est presque tombé aux oubliettes. Lui, c’est Sidi Ali Mohamed dit Sifroid.
Avis donc à la Fédération Béninoise de Football.
Célin Orou Dossoumon