C’est presque un secret de polichinelle dans les hôpitaux et centres de santé publics du Bénin. Les usagers de ces lieux sanitaires, en quête de soins, sont contraints à certaines formes de traitements parfois dégradants de la part des agents de santé. Mauvais accueil, propos discourtois et même injures, les patients et leurs accompagnateurs en encaissent régulièrement dans les formations sanitaires publiques, en fonction des humeurs des agents soignants. La situation risque de connaître un pic en cette période de menace de la pandémie de coronavirus. C’est la crainte de Annick Nonohou Agani, Présidente de Réseau Soignants Amis des Patients, Rsap face à la prudence mêlée de la méfiance et de stress installés dans le comportement des personnels de la santé.
<< Certaines dispositions pratiques de prévention contre la pandémie renforcent la typologie des violences subies préalablement par les patients en milieux sanitaires >> soutient l’activiste, défenseuse de droits humains en milieu sanitaire. Elle fait savoir que les types de violence les plus en vue sont celles verbales, religieuses et surtout sociales. << Par peur de ne pas contaminer ou de ne pas être contaminé, on doit limiter le nombre de personnes qui accompagnent les patients. Or, nous sommes dans un contexte africain où parfois une foule de famille accompagne le malade. Déjà au portail, l’agent de sécurité, s’il doit respecter les consignes sera obligé d’appliquer une violence sociale >>, explique-t-elle.
Abordant d’autres types de violence qui pourraient prospérer en ce moment de crise sanitaire planétaire, la défenseuse de droits des patients évoque les violences religieuse, spirituelle et économique ou financière. Plus loin, Annick Nonohou Agani parle des agents soignants qui sont exposés aux risques de contamination au Covid-19. << Quand on prend la tension artérielle chez une femme enceinte par exemple, sachant qu’on nous demande de tousser dans le creux du coude alors qu’on ne lave pas le coude. On ne lave que les mains. Pour placer l’appareil à tension, la sage-femme va passer par ce creux du coude. Et si elle doit prendre la tension à plusieurs femmes alors qu’il peut avoir une infectée. En plus c’est l’appareil à utiliser chez les toutes femmes. Vous voyez le risque de contamination est trop grand>>, fait observer l’interlocutrice de le Parakois mettant ainsi en exergue le droit à la sécurité du personnel soignant.
Comme mesure préventive, elle propose la désinfection des bras et des patients et la prise de nouvelles dispositions pour réduire les risques de propagation du mal qui a déjà fait 35 cas confirmés, 5 guéris et 1 décès au Bénin.
Loukoumane WOROU TCHEHOU